La région sombre de Syrtis Major est la plus ancienne décrite par les observateurs sur Mars puisqu’un dessin de Christiaan Huygens du 28 novembre 1659 la montre clairement. Huygens s’en est d’ailleurs servi pour mesurer la période de rotation de la planète trouvée rapidement proche de nos 24 h terrestres.
A gauche le premier dessin connu de Syrtis Major, dû à Christiaan Huyghens le 28 novembre 1659. A droite Syrtis Major, appelée en France « Mer du Sablier » représentée sur la première page de l’édition de 1892 du livre de Camille Flammarion « La planète Mars et ses conditions d’habitabilité »
D’autres dessins anciens de Syrtis Major. A gauche une représentation par Warren de la Rue le 20 avril 1856 et, à droite, une représentation de Camille Flammarion à l’observatoire de Juvisy le 16 juillet 1892. Sur tous ces dessins le Sud est en haut car les images sont inversées à la lunette.
En France cette région a longtemps été désignée comme la mer du Sablier, car bien entendu les observateurs ont tout de suite cru qu’il s’agissait d’une mer. Et les variations de surface sont prises pour des variations de niveau.
D’ailleurs l’astronome Camille Flammarion écrit à la page 338 de l’édition de 1892 de son livre « La planète Mars et ses conditions d’habitabilité » :
« Si les taches foncées de Mars représentent des mers, ces accroissements d’étendue correspondent à des inondations et conduisent à penser que ces rivages (la gauche surtout de la mer du sablier, le long de la mer Flammarion) sont très plats.
Ces inondations durant plusieurs mois ne sont pas dues à des marées.
Pour éviter ces conclusions il faudrait admettre que les taches ne sont pas des mers. Bien difficile. »
La « Grande Syrte » s’étend sur 1300 x 1500 km. C’est en fait une étendue d’origine volcanique balayée par les vents et datant d’environ 3 milliards d’années. Les vents modifient progressivement l’aspect visuel de la région, ce qui a incité les observateurs à y voir des variations du niveau de l’eau. Plus tard on a aussi cru qu’il s’agissait d’évolution de la végétation !
Le site de l’ESA (http://www.esa.int/SPECIALS/Mars_Express/SEM1NHTXXXG_0.html en anglais) présente, depuis le 3 février, une série d’images de la région prises par Mars Express et montrant les trainées laissées par le déplacement par les vents dominants de poussières se distinguant du sol environnant. Les traces linéaires dues au vent ont d’ailleurs dû contribuer à l’illusion des canaux.
La formation Syrtis Major, vue depuis la Terre par le Hubble Space Telescope et présentée cette fois le Nord en haut (doc. NASA)
Un plus gros plan sur Syrtis Major, dû aux caméras de Viking Orbiter 1. La zone détaillée par les images de Mars Express est le coin supérieur droit. (doc. NASA)
Les images ci-après, obtenues à partir des données Mars Express, montrent la zone centrale de l’image ci-dessus, en bordure de la zone Est du Nord de Syrtis Major, à la frontière d’Isidis Planitia.
Cette image de Mars Express couvre une zone de 80 sur 190 km et la résolution est de 19m. Le Nord est à droite. (Doc. ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum))
Vue depuis le Nord Est. On voit sur tout le quart bas gauche de l’image un grand cratère qui a été complètement rempli par l’écoulement de lave qui a marqué la région.(Doc. ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum))