Un document important a été publié par la NASA le 21 Mars 2016. Il attire l’attention sur un article du Dr. Antonio Genova (MIT/Goddard Space Flight Center) paru dans la revue Icarus le 5 Mars. Cet article présente une carte indiquant les différences de gravité en surface de la planète. Elle a été obtenue par les passages des trois orbiteurs MGS, ODY et MRO, sur plusieurs années.L’étude de cette carte et de son évolution est porteuse d’informations très intéressantes sur la structure interne de Mars mais aussi sur la « vie » de Mars aujourd’hui.
En effet elle montre clairement les concentrations de masses lourdes (telles que évidemment Tharsis ou Olympus Mons) mais aussi les endroits plus fins de la croûte (les bords du bassin d’impact d’Hellas, la faille de Valles Marineris, en certains endroits le bord de la dichotomie crustale). On peut s’interroger à leurs propos sur le mécanisme avorté de tectonique des plaques qui ne s’est pas déclenché mais qui l’aurait pu, sur ces lignes, si l’intérieur de la planète avait été plus fluide et la lithosphère moins épaisse et rigide.
Par ailleurs, la vie de Mars aujourd’hui c’est en partie les mouvements atmosphériques en fonction des évolutions saisonnières de la température. En effet, l’eau et le gaz carbonique tombent au sol sous forme solide (glace) quand il fait froid et principalement aux pôles, notamment au pôle sud (puisque l’hiver austral est nettement plus froid que l’hiver boréal compte tenu de l’excentricité de l’orbite de la planète).
Vous voyez sûrement toutes les déductions que l’on peut faire sur les masses et sur l’histoire de la planète.
Pour ce qui est de l’intérieur de la planète, on peut déduire une bonne homogénéité du noyau (pas de barycentre excentré) donc un bon niveau de chaleur, et la présence (d’une certaine manière quantifiable) d’une part liquide du noyau et du manteau (effets de marée). La mission InSight a été retardée mais elle sera encore mieux utilisée en 2018 avec cette carte.
Pour l’exploration en surface, les zones à faible gravité peuvent être privilégiées car étant les zones où la croute est la plus faible, elles peuvent être des endroits où la chaleur est plus rapidement accessible (à part les zones volcaniques, bien sûr).
Avec cette carte et les interprétations qu’en font et vont en faire les scientifiques, on a un bon exemple de la planétologie d’aujourd’hui. D’abord profiter de tous moyens indirects disponibles (variations d’altitude des orbiteurs au-dessus de la planète) et ensuite déductions logiques de tous indices repérés en croisement avec toutes autres observations recueillies.
Une vidéo explicative (en anglais) est disponible ci dessous:
Une carte de la gravité martienne: vers le rouge puis blanc, la gravité est plus forte; vers le bleu elle est plus faible. (Doc. MIT/UMBC-CRESST/GSFC)
Carte de la gravité centrée sur le pôle Nord (doc. MIT/UMBC-CRESST/GSFC)
Carte de la gravité centrée sur le pôle Sud (doc. MIT/UMBC-CRESST/GSFC)