Vendredi 14 mars, au pied des falaises des vaches Noires en Normandie, s’est déroulée la première utilisation du scaphandre analogue de l’association en conditions de terrain en sortie (EVA) simulée. L’association Planète Mars possède actuellement deux scaphandres de simulation complets, dont les principaux éléments ont été imaginés, fabriqués et assemblés par Armande Zamora et Patrick Sibon, membres de l’association suite à une première prise de contact lors des journées spatiales de St Maximin la Sainte Baume en août 2011. L’année suivante lors de la même manifestation, les scaphandres étaient prêts (voir https://www.planete-mars.com/les-troisiemes-rencontres-spatiales-de-saint-maximin/). L’histoire de la fabrication de ses scaphandres a fait l’objet d’un article dans le bulletin de l’association (voir Numéro53). Avec une masse de 15 kg (et la masse de l’expérimentateur) le port du scaphandre analogue sur Terre correspond au port d’un scaphandre de 160 kg dans les conditions de pesanteur martienne (à comparer à 130 kg pour le scaphandre ISS et 85 pour le scaphandre Apollo).
Le programme d’activité de l’EVA du 14 mars prévoyait 4 phases : le déploiement du drapeau martien (et de l’association), la démonstration de dextérité en utilisant les aides stockées sur le dos des gants pour déchargement et rechargement des batteries et cartes des deux appareils photo, le repérage, marquage, photographie macro et relevé d’empreintes de fossiles, et une opération analogue en opérant sur une pente après installation d’une assurance. Le tout s’est déroulé sur une heure trente dans une tempête de poussière martienne (en fait la brume qui a affecté toute la partie Nord Ouest de la France le 14 mars). L’activité a été filmée par Gargouille Productions et la vidéo sera prochainement disponible.
Les aides à la dextérité sur les gants, que l’on place en bout des doigts en fonction des besoins et qui sont stockés sur la face supérieure des gants fixés par du Velcro, sous un rabat qui se referme également avec du Velcro. Parmi ces accessoires on note également un Space Pen pour noter heures et relevés de mesures de température interne du scaphandre. (doc. A. Souchier)
Le casque est équipé à gauche d’une caméra haute définition grand champ (170°) et à droite d’une caméra qui transmet en temps réel vers un moniteur. Ces caméras sont celles utilisée sur le Véhicule de Reconnaissance de Paroi de l’association lors de la simulation du forum spatial autrichien au Maroc début 2013. (Doc. A. Souchier)
A ces deux caméras avaient été ajoutées lors de l’EVA du 14 mars deux Go Pro, une au dessus et une au dessous du casque. (Doc. Gargouille Productions/I. Ebran)
Le site avait fait l’objet d’une reconnaissance préalable le 14 janvier. Il avait aussi été utilisé pour des essais du véhicule de reconnaissance de Paroi en 2001. (Doc. A. Souchier)
Préparation (doc. A. Souchier)
Le drapeau est déployé. Photo prise « en simulation » avec les gants. (doc. A.souchier)
La check list des opérations, la description des fossiles et les cartes détaillées photographiques de la zone sont accessibles sur un carnet sur la manche (comme lors des missions Apollo). Ces images proviennent de la caméra HD latérale gauche et ont été prises lors d’une répétition le 3 mars. Sur l’image de droite on aperçoit le moniteur et l’image transmise par la caméra de droite. (Doc. A. Souchier)
L’écriture avec les gros gants sur le carnet n’est pas aisée (doc. A. Souchier)
Après le déploiement du drapeau passage à la deuxième phase des opérations : démonstration de la capacité à changer batteries et carte sur les deux appareils photos (doc. Gargouille Productions/I. Ebran)
Repérage et identification de fossiles. Les fossiles ne servent qu’à montrer la capacité à détecter des particularités géologiques et à les caractériser. Les scénarios les plus optimistes concernant l’éventualité de l’apparition de la vie sur Mars ne vont pas jusqu’à afficher la possibilité d’existence de fossiles tels ceux repérés ici, qui ont demandé plus de 3,5 milliards d’années d’évolution sur Terre pour apparaître. Photo prise en simulation.(Doc. A. Souchier)
Démonstration de prise de vue macro en simulation (doc. A. Souchier)
Démonstration de prise de vue macro en simulation (doc. A. Souchier)
Travail sur pente après assurance et sanglage. Photo prise en simulation. (Doc. A. Souchier)
Travail sur pente après assurance et sanglage (doc. Gargouille Productions/I. Ebran)
Travail sur pente. Deux boucles de sangles sont utilisées. La descente s’effectue en desserrant progressivement la boucle supérieure puis la boucle inférieure. (Doc. Gargouille Productions/I. Ebran)
Commentaire sur les simulations
Depuis plus d’une décennie différents organismes, dont les agences spatiales, organisent des opérations de simulation d’exploration planétaire sur Terre. Ces simulations ont lieu dans des régions désertiques de différentes natures ou dans des zones et conditions particulières (grottes, environnement sous marin, enfermement). Elles impliquent des équipages et des matériels comme habitats, véhicules et scaphandres. L’objectif est d’opérer dans des conditions proches de celles d’une installation sur une autre planète afin d’en tirer le maximum d’enseignements. On peut ainsi étudier:
– L’adaptation des expériences scientifiques, des outils, des technologies, des méthodes aux conditions de l’exploration planétaire avec les handicaps liés à ces conditions (par exemple port de scaphandre, durées sur le terrain limitées,…)
– L’optimisation des stratégies d’exploration (avec soft et hardwares correspondants)
– Les facteurs humains (dynamique de groupe, effets du stress)
– L’organisation (comment combiner efficacement la vie de l’équipage et les activités dans des domaines multidisciplinaires ; comment planifier les opérations et avec quel degré d’autonomie pour l’équipage ; comment gérer les relations avec la base arrière sur Terre, comment répartir les analyses et exploitations de résultats entre le local et la base arrière)
Et on pourra, un jour, utiliser ces simulations et les matériels correspondants pour l’entraînement des équipages.