Note de Lisa Chu-Theilbar du centre de communications scientifiques du Carl Sagan Center (SETI), datée du 26 avril 2007.
Traduction Pierre Brisson
Mars est un endroit très venteux, si venteux, en fait, que le sol martien lumineux et oxydé est récuré par les vents et les tourbillons de poussière martiens qui dégagent un sous-sol plus foncé ce qui, en fin de compte, provoque un réchauffement de la planète entière. Mars fait l'expérience de son propre changement climatique. Est-il lié au changement climatique de la planète terre suscité par les gaz à effets de serre ? Non. Comprendre ce phénomène est-il important pour comprendre comment les planètes évoluent et changent ? Absolument.
Début avril de cette année, Lori Fenton, une jeune chercheuse du Carl Sagan Center, ainsi que ses collègues du centre de recherches Ames de la NASA et de l'United States Geological Survey en Arizona (Flagstaff), a publié un article dans le journal Nature révélant que la température à la surface de la planète Mars avait augmenté au cours des 20 dernières années. L'augmentation, moins de 2°C pour la surface et la température de l'air, est néanmoins significatif d'un point de vue géologique.
Le mécanisme de réchauffement est dû au changement de l'éclat ou « albedo », de la surface martienne. La couche superficielle du sol martien, légère, brillante et oxydée reflète une quantité significative de rayonnement solaire, tendant à maintenir la surface de Mars fraîche, tout comme porter du blanc en été, rafraîchit. Le sous-sol plus foncé et donc plus absorbant des rayons du soleil, dégagé après une tempête ou le passage de tourbillons, retient plus de chaleur, tout comme porter des vêtements foncés le ferait ici sur terre. Le fait est que davantage de sol foncé a été exposé de cette façon durant les deux dernières décennies.
Ces deux vues de Mars, prises par le Spectromètre d'Emission Thermique ("TES") de la sonde Mars Global Surveyor ("MGS"), proviennent des mesures de reflexion de la lumière par la planète dans les longueurs d'ondes visibles et infra rouge proche, de 0.3 à ~3.0 microns. Ce réfléchissement est connue sous le nom d' "albedo". Les valeurs indiquent le rapport entre la quantité d'énergie électromagnétique reflétée par la surface et la quantité d'énergie incidente provenant du soleil (les plus grandes valeurs correspondent aux surfaces les plus lumineuses). Crédit : Philip R. Christensen, de l'université de l'Etat d'Arizona. |
Un tel changement, très intrigant, n'a jamais été observé auparavant. L'atmosphère martienne est sensiblement moins épaisse que celle de la terre. Elle est semblable à ce qu'il en reste à environ 3500 mètres. Les vents qui résultent du mouvement d'une atmosphère si mince sont cependant assez forts pour avoir un impact important sur la planète. Les planétologues et les climatologues surveilleront Mars étroitement pendant au moins les 20 années à venir pour discerner s'il le changement correspond à un modèle et si la tendance continue. La vérité est, que nous venons juste de commencer à surveiller et noter de telles données et que nous commençons juste à percevoir les changements qui se déroulent.
On a déjà parlé et écrit sur les tourbillons de vent martiens. En fait, les robots jumeaux MER, Spirit et Opportunity, doivent leurs vies aux donquichottesques vents martiens. Les rafales de vent et les tourbillons passent sur les panneaux solaires des intrépides explorateurs robotiques juste assez souvent pour les débarrasser de la poussière martienne omniprésente et permettant ainsi aux batteries, maintenant vieilles de 4 ans, de se recharger. Ce processus, très utile, était complètement imprévu.
Avec de nouveaux instruments de haute résolution sur Mars, grâce à la sonde Mars Reconnaissance Orbiter, et avec les nouveaux landers et rovers de technologie plus avancée en préparation, Phoenix et Mars science Laboratory, qui doivent être lancés prochainement, nous continuerons à obtenir des informations sur les vents et la météo martiens et à découvrir ce qui encore aurait pu être emporté par le vent.
Tourbillon de poussière (dust devil) saisi par la caméra de MGS en train de balayer le sol martien. Remarquez l'ombre (shadow) et la trace plus sombre laissée sur son passage (dark streak). (doc. MSSS) |
Commentaire :
La ressemblance avec l'évolution de notre climat terrestre n'est-elle pas surprenante ? Apparemment les raisons sont tout à fait différentes mais il semble évident que, sur ce sujet comme sur d'autres, la présence de l'homme sur les deux planètes pourrait permettre des rapprochements, des comparaisons et donc faciliter les progrès scientifiques.
Pierre Brisson