Spectaculaire !
Pour la première fois dans l'histoire de l'exploration martienne, on connaissait avec une grande précision et de nombreux détails, le site d'atterrissage visé d'une sonde automatique. Pour la première fois, le paysage et ses intérêts scientifiques étaient connus à l'avance.
Et nous n'avons pas été déçus !
Certes, pour le grand public, la planète Mars est toujours aussi plate ! Les sites d'atterrissages des Viking Lander 1, Viking Lander 2, de Pathfinder et autre Opportunity avaient été un peu effacé par Spirit et le cratère Gusev qui révélaient in-situ au monde terrestre, que Mars n'est finalement pas plate… Rebelotte avec Phoenix et la "Vallée verte". Ainsi, même si au loin on observe les remparts du cratère Heimdall, tout le reste du paysage monotone et déprimé de cette sous région de Vastitas Borealis est loin d'être spectaculaire d'un point de vue topographique. Et ce point particulier était voulu et assumé par les ingénieurs de la NASA…
Nonobstant, l'intérêt du site réside dans son potentiel en pergélisol et présence de glace d'eau. Les sondes orbitales Mars Odyssey et Mars Express ont notamment révélé que le sous-sol sub-affleurant de la région toute entière, vaut la peine d'être étudié. On y trouve à très faible profondeur (seulement quelques centimètres par endroits) des concentrations importantes (jusqu'à plus de 75%), de glace d'eau mélangée à du sol, des poussières, des sédiments !
Si la NASA "follow the water" depuis plusieurs décennies sur Mars, pourquoi ne pas suivre l'eau congelée ?
Cap donc dans les régions boréales de Mars, bien au-delà du Cercle polaire de la planète rouge, à la recherche de sols polygonaux, de pingos, de gélifracts, de glaciers…, bref de formes, de formations, de morphologies typiques des régions périglaciaires.
Vue de la surface, au-dessous de la sonde. Notez la présence de dalles claires qui pourraient être de la glace ou des sédiments…
Vue rapprochée de l'une des dalles situées sous la sonde et visiblement altérées par les rétro-fusées…
Premier prélévement réalisé par le bras et la pelle de la sonde. A l'intérieur quelques portions de sol apparaissent blanchâtres…
Le résulat ne se fait pas attendre. Non seulement la sonde se pose en douceur, avec brio, au moment prédit et quasiment à l'endroit visé, mais en plus le paysage dévoilé est typique d'un paysage périglaciaire, avec un sol jonché de polygones, transpirant la glace d'eau sous-jacente.
Tant est si bien que juste sous la sonde elle-même, là où les rétro-fusées ont dénudé la surface, l'une des caméras de l'engin visualise ce qui s'apparente bien à une dalle de glace, peut-être en fait le toit d'une couche de glace, ce fameux pergélisol dont on parle tant depuis des décennies. BINGO !
L'exoglaciologie est en marche…
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona.