Sur Mars comme partout ailleurs dans le Système Solaire, des collisions célestes se produisent. En voici une nouvelle preuve apportée par la caméra CTX de la sonde MRO.
Régulièrement, les équipes en charge de l'imagerie découvrent soit des impacts isolés, soit des clusters et autres chapelets d'impacts (indiquant que le bolide a explosé dans l'atmosphère avant de toucher le sol), soit encore des impacts secondaires résultant d'éjecta d'un impact principal bien plus gros. Dans tous les cas, ils ne peuvent se rendre compte de ces nouvelles structures qu'en comparant des images prises de la meme zone, soit par la meme sonde orbitale, soit par une autre sonde plus ancienne.
Voici donc un très bel exemple non pas d'un impact simple mais d'un groupe d'impacts, formant un chapelet encore appelé "cluster".
Nous sommes dans une région située à l'Ouest d'Arcadia Planitia, vers 46,7°N par 183,2°W. Le 1er cliché date du 4 juin 2008, tandis que le second date du 10 aout de la meme année. La caméra CTX obtient des images dont la résolution est de 6 m par pixel, ce qui est très peu pour observer les détails de ce genre de structure géologique.
Entre les deux prises de vues, s'est donc formé ce groupement d'impacts, fait de petits points noirs et de stries également noires, le tout oblitérant la surface de Mars, bien plus claire à cet endroit. On observe à première vue, que l'ensemble est relativement compact et orienté, dans le sens Nord-Ouest / Sud-Est, soit probablement dans le sens de la chute du bolide.
Pour étudier plus en détail encore ce chapelet d'impacts, l'équipe de la caméra CTX a demandé la prise de clichés haute résolution par la caméra HiRISE de la meme sonde MRO. Et c'est finalement le 12 septembre 2008, soit 1 mois après le cliché du 10 aout, qu'une nouvelle image de la zone a été obtenue, à la résolution de 30 cm par pixel. Il faut noter que les équipes d'imagerie ont fait un travail remarquable et diligent. Le tout afin de pouvoir étudier avec précision les caractéristiques d'un chapelet d'impacts très frais.
Il ressort – et c'est tout à fait fascinant – que ces impacts ont dégagé un peu de glace d'eau du substrat, glace qui s'est progressivement sublimée dans la saison, du fait de la soudaine dénudation de régolithe protecteur… D'autres sites du meme type ont pu etre identifiés par la meme équipe de chercheurs, et tous n'ont pas montré la meme présence de glace d'eau dans le sous-sol, probablement du fait de la résolution des différents instruments d'observation.
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL/Malin Space Science Systems.