La Mars Society vient de lancer un concours à destination des étudiants pour définir une mission de survol de Mars à l’horizon 2024. Le texte de l’annonce parue sur le site de la Mars Society est le suivant (traduction Pierre Brisson).
(Doc. NASA)
Le programme spatial américain de vols habités est actuellement à la dérive. Il a besoin d’un but, et ce but doit être d’envoyer des explorateurs sur Mars dans les années prochaines. Afin d’aider à aller dans cette direction et à obtenir la mise en place d’un vrai programme d’envoi d’hommes sur Mars, la Mars Society lance un concours international d’étudiants ingénieurs afin d’élaborer une mission « Gemini Mars », consistant à concevoir un projet pour le survol de Mars par deux personnes, projet qui pourrait être placé sur le bureau du président élu à la fin de 2016 et être réalisé à la fin de son second mandat.
La mission Gemini Mars présente quelques similitudes avec la mission « Inspiration Mars » proposé précédemment, mais élimine son point faible principal en évitant l’obligation d’utiliser une trajectoire à haute énergie rarement utilisable qui impose un développement technologique, une capacité de lancement et des dates de lancement difficiles à accomplir, atteindre et respecter.Dans ce nouveau cadre, des trajectoires à faible énergie, beaucoup plus faciles et plus fréquemment employables, seront autorisées. Le concours sera ouvert aux étudiants ingénieurs des universités du monde entier. L’équipe proposant le meilleur projet obtiendra un prix de 10.000 $. La deuxième, troisième, quatrième et cinquième équipe obtiendrontrespectivement des prix de 5000 $, 3000 $, 2000 $ et 1000 $.
Le président de la Mars Society, Robert Zubrin, commente : «Nous appelons cette mission « Gemini Mars » non seulement parce qu’elle concerne un équipage de deux personnes, mais aussi parce que nous voulons qu’elle serve à ouvrir la voie vers la planète rouge de la même manière que le programme Gemini des années 1960 a ouvert la voie vers la Lune. Cette compétition sera l’occasion pour de nombreux jeunes ingénieurs de contribuer directement par leur talent à ce projet révolutionnaire pour ouvrir la frontière de l’espace. En outre, elle va montrer que exploration spatiale est uneincitation puissante pour inspirer les jeunes à développer leur talent. Ce faisant, elle aidera à faire comprendre à la classe politique dans de nombreux pays, le rôle vital qu’un programme spatial motivant pourrait jouer dans la création du capital intellectuel nécessaire pour faire progresser la vie de tout le monde sur la Terre. »
Règles
Il est demandé de concevoir une mission de survol Mars par deux personnes qui pourrait être lancée au plus tard en 2024 à un prix aussi bas que possible, aussi surement et simplement que possible. Toutes les autres variables de conception restent ouvertes.
Les anciens élèves, les professeurs et les autres membres du personnel universitaires peuvent également participer, mais les équipes doivent être majoritairement composées et dirigées par des étudiants. Toutes les présentations doivent être exclusivement faites par des étudiants. Les équipes seront tenues de soumettre leurs rapports par écrit avant le 15 Mars 2016. Ensuite une sélection sera effectuée. Les 10 meilleures équipes finalistes seront invitées à présenter et à défendre leurs projet devant un panel de six juges choisis (trois chacun) par la Mars Society et la NASA. Les présentations publiques auront lieu lors de la Convention internationale de la Mars Society à Washington DC en Septembre ici 2016.
Les projets seront évalués en utilisant un système de notation avec attribution d’un maximum de 30 points pour le coût, 30 points pour la qualité technique de la conception, 20 points pour la simplicité opérationnelle et 20 points pour le calendrier, avec un total maximum de 100 points.
Le concours est ouvert aux équipes universitaires de tous les pays du le monde.
La longueur maximum des rapports est fixée à 50 pages, en utilisant une police de 12 points et des marges de 1 espace. Diminuer la taille de police est possible pour les chiffres dans la mesure où ilsrestent lisibles. Le rapport peut inclure des références à des documents de support, qui peuvent inclure des livres ou des articles publiés, ainsi que des documents supplémentaires générés par l’équipe et postés sur le site Web de l’équipe avec le rapport, d’ici le 15 Mars 2016. Cependant, il n’y a aucune garantie que les juges liront ces documents, de sorte que les rapports de 50 pages doivent être aussi complets et autonomes que possible. Les rapports doivent être en anglais. Les présentations orales par des finalistes seront également en Anglais; Mais les équipes de pays où d’autres langues sont pratiquées pourront faire usage d’un traducteur, à condition qu’elles prennent eux-mêmes les arrangements nécessaires.
L’équipe arrivée première recevra un prix de 10.000 $. Des prix de 5000 $, 3000 $, 2000 $ et 1000 $ seront également remis pour les suivantes, jusqu’à la cinquième.
Tous les projets soumis seront publiés par la Mars Society La NASA recevra le droit non exclusif de faire usage de toutes les idées qui y seront exprimées.
Commentaire :
Robert Zubrin reprend l’initiative qu’il avait lancée en 2013, avec Dennis Tito, d’un prix étudiant pour préparer une mission de survol de Mars. La fenêtre de 2018 ne sera plus, hélas, accessible et le lancement de 2024 ne se présente pas dans une configuration optimale du point de vue des radiations solaires (minimum solaire) mais on peut se consoler en sachant que les radiations galactiques seront moins violentes du fait même de cette activité solaire moyenne.
Il est évidemment positif que la NASA ait accepté le partenariat et les étudiants de 2015/2016 pourront profiter de l’expérience de leurs ainés. Par ailleurs on peut plus raisonnablement compter sur un lanceur lourd opérationnel (SLS 130 tonnes en LEO) en 2024. Enfin l’urgence ne sera pas celle qui existait en 2015 pour se préparer pour un vol en 2018 sans compter que la nouvelle administration américaine venant au pouvoir début 2017 pourrait se montrer plus favorable aux missions habitées.
Toutes ces raisons redonnent espoir et nous soutenons sans réserve cette initiative qui devrait passionner les étudiants engagés dans le domaine spatial.
Je suis totalement ignorant et tant pis, je me lance.
Mon commentaire à ce projet est simple, :
Un vaisseau spatial, peu importe la mission dès qu’elle est habitée, devra dominer la gravité en offrant une gravité artificielle qui permettra aux hommes de vivre dans des conditions acceptables, lors de longues durées.
Un vaisseau spatial devrait être conçu pour durer, mais aussi pour aller plus vite que ce qui se fait actuellement, moteur à ions ou que sais-je!
Envoyer deux singes savants faire le tour de Mars est un déni de l’ambition spatiale, même si il s’agit d’une « prouesse technologique ».
Mon idée ‘simpliste, est que la Lune est d’un intérêt majeur dans le développement de la conquête spatiale. C’est de la Lune que partiront les véritables expéditions.
La lune sera la base de construction et de lancement de vaisseaux dignes de la conquête spatiale;
L’étape lunaire me parait essentielle, mieux que cela, une véritable opportunité de développement de la technologie spatiale.
Ceux qui veulent aller sur Mars sans faire étape sur la Lune me paraissent trop pressés, irréalistes.
Mais ce n’est qu’un avis d’ignorant sans la moindre prétention que de faire avancer le débat,
J’ai l’impression que le formidable laboratoire que constitue la Lune pour la préparation aux futurs voyages spatiaux n’a pas encore été compris à sa juste valeur.
Passer par la Lune pour aller sur Mars n’est pas une bonne idée.
Il serait encore plus difficile de créer une industrie sur la Lune que sur Mars car la surface lunaire est beaucoup plus hostile que celle de Mars (pas d’atmosphère, jours de 14 jours, pas d’eau, gravité très faible). Donc si on veut créer une base en dehors de la Terre autant la créer sur Mars.
Par ailleurs aller sur la Lune suppose descendre dans son puits de gravité et en repartir, ressortir de ce puits de gravité. Le résultat est que passer par la Lune augmente considérablement l’énergie nécessaire au voyage direct vers Mars.
Enfin la Lune ne présente qu’un intérêt scientifique très réduit car c’est un astre mort depuis presque sa création.