L'évènement est tellement rare, qu'il convient ici de le signaler, de le souligner et même plus, de le saluer. Loin de tout esprit politique, loin de toute polémique politicienne. Sans parti prit !
Pour la première fois en effet dans l'histoire, en France comme en Europe, un Président de la République a indiqué la planète Mars comme une destination, comme un objectif de notre politique spatiale, scientifique, industrielle et politique !
Et tout cela, en appelant à une coopération internationale aux côtés des Etats-Unis, avec l'Europe et toutes les autres nations volontaires pour contribuer à cette grande entreprise.
Outre l'effet d'annonce qui n'échappe à personne, le Président de la République n'a surement pas tenté de flatter les quelques centaines de membres de l'Association Planète Mars avant les élections municipales ! De même, il n'a pas voulu flatter les quelques milliers de personnes qui travaillent au CNES, à l'ESA, à Arianespace ou dans l'Industrie spatiale. Ni encore les "fanas" de l'espace qui contrairement aux américains, ne représentent pas en France de véritable "lobby".
Non, si Nicolas Sarkozy a parlé d'exploration de la planète Mars dans les années qui viennent, dans les toutes prochaines années même, c'est bien parce que cette perspective représente un enjeu stratégique majeur pour l'Humanité, en terme de dynamisme de développement, en terme de croissance, en terme d'investissements scientifiques, technologiques… et financiers !
L'exploration spatiale intelligente et raisonnée – et l'exploration de la planète Mars en particulier – est certainement un acte d'une très grande force pour les générations actuelles et futures…
Si la France, et si l'Europe souhaitent affirmer leur leadership aux côtés des Etats-Unis, de la Chine, de l'Inde, de la Russie et du reste du monde, ce leadership passera évidemment par les hautes technologies, les savoirs-faire et tout ce que l'on pourra générer comme richesses et fortes valeurs ajoutées. Dans de nombreux domaines. Y compris dans le spatial. Y compris sur la planète Mars…
Quoiqu'il en soit, et c'est du reste également valable pour les déclarations du Président George W. Bush sur le sujet, le financement des efforts à consentir n'est absolument pas abordé, ce qui nous pousse à penser que la perspective d'un programme d'exploration de Mars réaliste n'est pas encore pour demain… Mais le coup de feu est parti, et c'est cela l'essentiel !
On to Mars !
Extrait du discours de M. le Président de la République à Kourou
lundi 11 février 2008
[… La question fondamentale qui se pose à la France et à ses partenaires européens est celle de l’exploration spatiale. Les Etats-Unis ont défini une politique ambitieuse visant à aller sur Mars, en commençant par la Lune, qui nous place devant un choix.
C’est le plus difficile et le plus déterminant pour notre ambition spatiale. Je crois que nous ne pouvons pas contester la volonté de repousser notre présence dans l’univers jusqu’aux frontières que tracent notre maîtrise technologique et le courage des pionniers. Lorsqu’on demandait à l’alpiniste George Mallory pourquoi il voulait gravir l’Everest, il répondait " parce qu’il est là ". Parce que Mars est là et que Mars est accessible aux technologies dont dispose aujourd’hui l’humanité, nous ne pouvons refuser de tenter cette aventure.
Mais, sans être astronome, j’imagine que la Terre, vue de Mars, ne doit être guère plus grosse que Mars, vue de la Terre. Pour ceux qui verront la Terre de cette distance, les rivalités nationales et les concours de prestige apparaîtront tout simplement dérisoires.
Je veux donc être parfaitement clair : j’ai la conviction qu’un programme d’exploration ne peut être que mondial, sans exclusivité ni appropriation par l’une ou l’autre des nations. Chacun pourra y prendre sa part avec ses capacités, ses atouts et ses choix privilégiés.
Dans l’exploration robotique, le transport de matériel, les technologies spatiales, l’Europe a des secteurs d’excellence où elle peut apporter ses talents pour le plus grand bénéfice de tous. Ces atouts ouvrent à l’Europe une place de choix dans cette vaste entreprise.
Je propose à nos partenaires de l’ESA et à l’Union européenne de réfléchir ensemble au cadre d’un dialogue avec les Etats-Unis et les autres puissances spatiales pour organiser notre effort. La réelle preuve de la maturité des nations de notre planète sera de construire ce projet d’aller sur Mars dans la confiance mutuelle et dans l’interdépendance, gage de cette confiance.
Les Etats-Unis, par leur capacité financière, par leur compétence technique et scientifique, par la volonté politique qui les anime, ont déclaré être prêts à entreprendre cette aventure. Le rôle de l’Europe n’est certainement pas d’essayer de les imiter ni de dupliquer leurs efforts. Il est encore moins d’essayer de faire toute seule en 2010 ce qu’ils ont déjà fait dans les années 1960. Il est de leur proposer d’élaborer un partenariat responsable, tirant parti des forces de chacun, pour bâtir ensemble un projet partagé. Et naturellement, d’autres puissances spatiales, si elles ont un apport technique et financier réel et une vraie volonté de coopération, pourraient rejoindre ce partenariat…].
Le discours complet ici.
© Textes : Gilles Dawidowicz/APM et Elysée.
© Images : Service photo Elysée – P. Segrette.