Non, il ne s'agit pas du dernier opus d'un nanard d'Hollywood ou du titre d'un mauvais ouvrage de science-fiction. Ce n'est pas non plus l'annonce d'une découverte de vie sur la planète rouge…
Il s'agit simplement d'un phénomène géophysique inconnu sur Terre et observé depuis quelques années à moyenne résolution par quelques sondes spatiales en orbite autour de Mars.
Mais voilà qu'avec la sonde MRO, ce phénomène est observé de très très près. Et voilà ce que l'on découvre.
"En grand", ce paysage de l'hémisphère Sud apparaît comme mosaïqué d'une manière plus ou moins cohérente. On observe des stries plus ou moins orientées, plus ou moins denses, plus ou moins sombres…
A chaque printemps, l’essentiel de la couche saisonnière de glace carbonique qui recouvre partiellement les terres australes de Mars se sublime, et par ce fait érode des terrains et des paysages tout à
fait exceptionnels de ces régions très froides de la planète rouge. A très haute résolution, dans ces régions australes, on observe des formations géomorphologiques typiques engendrées par ce phénomène.
Parmi ces formations, certaines ressemblent à des araignées du fait de leur profil fortement ramifié, pour ne pas dire " arachnéïforme ". En effet, des dépressions radiales se sont mises en place tel un réseau
dendritique, avec des chenaux convergent vers un point central tout en restant liés les uns aux autres comme un vaste réseau sanguin. On observe ainsi des chenaux principaux et des chenaux secondaires,
sortes d'affluents ramifiés… mais a priori, rarement de plus de 2 ordres.
Ce "chevelu" est tout à fait particulier et … spectaculaire !
"Par dessus" cet étonnant réseau, vient se sur-imprimer un autre phénomène géomorphologique particulier de ces régions australes martiennes, qui prend la forme de vastes épanchements sombres,
semblables à des dépôts éoliens provenant de sources ponctuelles, toujours localisées sur le réseau précedemment décrit. Ces sources font penser à des events, des jets volcaniques, des "gueules"
d'éjections, des zones d'alimentation de poussières très fines qui se répandraient à la surface au grè des vents dominants…
Ce cliché MRO, accompagné de bien d'autres de la même qualité, tend à montrer que ces phénomènes de jets de poussières (déjà décrits ici) sont actifs actuellement sur Mars. On observe en effet que
certains dépôts sont orientés dans une direction, tandis que d'autres le sont dans d'autres directions. Ceci provient très certainement du fait que la couche de glace carbonique n'étant pas de la même
épaisseur partout dans la région, et surtout ne sublimant pas de manière régulière lors de l'avancée du printemps, entraîne la formation de ces jets de poussières, à des moments différents et sous des vents
dominants différents dans la saison. On obtient alors une mosaïque telle qu'observée sur ce cliché.
Selon l'une des hypothèses les plus en vogue actuellement, il est possible que des gaz se propagent sous la glace et finissent par jaillir en surface dans des zones de faiblesses (là et quand la glace carbonique
sublime de manière saisonnière) entraînant avec eux des particules de poussières dans l'atmosphère. Ces particules finissent par retomber aux abords des events, orientés au moment de leur éjection par les
vents dominants…
Ces deux clichés proviennent de la sonde MRO et datent du 4 et du 11 février 2009 à 16h56 et 18h12 heures locales. La première image est centrée à 104,0° E par 85,4° S et le Soleil éclaire la scène
par l'Ouest (depuis la gauche sur le cliché). La seconde image est centrée à 76,2° E par 81,8° S et le Soleil éclaire la scène par l'Ouest. Nous sommes à l'automne boréal, soit au printemps
dans l'hémisphère Sud (Ls = 207,9° et Ls = 203,6°).
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona.