Le 29 janvier à l’hôtel de région de Rouen, la saison 2015 des Forums Régionaux du Savoir a commencé sur une conférence de l’astronaute Thomas Pesquet intitulée « L’exploration spatiale, une aventure pour l’humanité ». Thomas Pesquet doit s’envoler pour la station internationale en novembre 2015. Il avait, en 2013, rédigé la préface du livre de l’association « Embarquement pour Mars »
(Doc Forums Régionaux du Savoir)
(Doc. A. Souchier/Forums régionaux du Savoir)
Juste avant la séance Thomas Pesquet est interviewé par une chaine de télévision dans la grande salle de l’hôtel de région déjà bondée. Deux autres salles ont été ouvertes face à l’afflux des spectateurs, dans lesquelles la conférence a été retransmise sur écran.
L’astronaute a commencé par décrire l’assemblage de la station et la vie et les activités à bord qui concernent la recherche d’une part et l’exploration d’autre part (comment rester longtemps dans l’espace, développement des technologies correspondantes).
Thomas Pesquet indique que toutes les agences sont d’accord sur l’objectif final : Mars. La question, ce sont les étapes intermédiaires. On entend dire que la NASA ne sait pas où elle veut aller. Ce n’est pas exact, elle sait mais se demande comment.
Comment ; c’est la question que se pose le groupe de travail des 14 principales agences mondiales. Thomas Pesquet compare la situation à celle de l’aéronautique à ses débuts. On savait vite que l’on se servirait de l’avion pour voyager et pour traverser les océans. Mais avant de se lancer sur l’Atlantique, on a traversé la Manche, puis la Méditerranée.
L’astronaute trouve que l’on a trop peu parlé du premier vol Orion, premier des matériels qui seront nécessaires pour l’exploration longue distance.
Un des points faibles c’est l’homme. Les équipages en route pour Mars ne verront plus de corps célestes proches pendant plusieurs mois.
On note la montée des initiatives privées suborbitales ou à destination des orbites basses. Au moment où il effectuera son vol à bord de l’ISS, celle-ci aura été équipée d’un module gonflable Bigelow.
Les activités spatiales ont pour objectif de profiter à tout le monde
La conférence a été suivie de 70 mn de questions. A gauche, le président de la région Haute Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, assistait aux débats. Thomas Pesquet est né en Normandie et y a passé sa jeunesse. Il était en classes préparatoires au Lysée Corneille de Rouen.
Une question a porté sur la date du premier vol humain vers Mars. « Pas avant 2035 » fut la réponse. L’astronaute a rappelé que l’espace est une école de continuité et de patience. Rosetta a été décidé il y a 20 ans et on en voit les extraordinaires résultats aujourd’hui. Un intervenant, comme on pouvait s’y attendre, a demandé ce qu’il pensait du projet Mars One. « Je n’en pense pas spécialement du bien ; on verra en 2018 ; je veux bien que l’on dise que les agences sont lentes, mais si des gens sont envoyés sur Mars en 2018, je veux bien changer de métier. Pour l’instant les gens signent, se déclarent candidats, et on peut comprendre que la suite de cette aventure les intéresse. »
« Quelle est la prochaine étape avant Mars ? » demande un intervenant. Thomas Pesquet répond que la NASA vise une mission astéroïde qui a deux objectifs : développer la technologie pour l’exploration et avancer sur une autre question : la protection contre les astéroïdes. Nouvelle question : « Mars ; les astéroïdes ; et la base lunaire ? ». La destination finale est très claire Mars ; entre les deux, il y a plusieurs solutions ; les agences discutent. Les pays ont des objectifs différents. La Lune est très présente dans la culture chinoise et cela joue sur les objectifs spatiaux. Et les chinois aimeraient bien montrer qu’ils peuvent égaler les américains.
Autre question « Comment les connaissances sur les origines de la vie ont progressé grâce à l’espace ? ». Thomas Pesquet : C’est en allant vers Mars qu’on répondra ; Rosetta c’est aussi une tentative dans le même sens.
Une question porte alors sur le niveau radiatif dans la station. 100 millisievert pour 6 mois contre 1à3 par an à Terre selon les endroits et 10 par an pour un pilote de ligne.
« Quel effet ont les vols de 6 mois sur les astronautes ? » Réponse : Les gens prennent du recul. Ils voient l’atmosphère extrêmement ténue autour de la Terre qui contient toute la vie ; la Terre est un vaisseau spatial, isolé, à ressources limitées, et on n’a pas de plan B.
Et la séance a continué informellement avec les jeunes : signatures et selfies
Thomas Pesquet a dédicacé le livre « Embarquement pour Mars » à coté de la préface qu’il a écrite en 2013
(Docs A. Souchier sauf mention contraire)