Nous avions couvert il y a deux ans, le 47ème Salon du Bourget et les quelques éléments martiens à ne pas manquer alors. C'était dans un contexte général fort différent de notre actualité aéronautique et astronautique plutôt morose… La planète Mars en 2007 s'était faite rare au Bourget, mais nous avions quand même pu y trouver des éléments intéressants.
Nous verrons si au fil des jours de cette édition d'une semaine qui fête le 100ème anniversaire de l'aviation, la moisson sera du même calibre ; mais ce n'est pas gagné, loin de là ! Clairement, le cap en terme d'exploration spatiale est mis sur la Lune avec les programmes américains Orion et Constellation… Mars au Salon du Bourget 2009 se fait de plus en plus rare…
1er jour : au Pavillon du Centre National d'Etudes Spatiales…
Cette année, c'est là qu'il faut aller pour voir du grand spectacle martien ! Il semble que le CNES et l'ESA se passent le mot et que les thèmes présentés ne se concurrencent pas d'une édition à l'autre…
En tous les cas, le Pavillon du CNES est splendide et présente devant son entrée, sur un grand statique, une maquette du rover américain MSL réalisée par des étudiants de BTS et de Lycées Techniques, en projet pédagogique. Cette maquette de 750 kg respecte les côtes de l'engin original qui devait partir pour Mars en 2009 mais qui partira finalement en 2011.
La maquette de MSL à l'abris de la pluie…
La maquette de MSL en cours de réglages…
La maquette de MSL prête à rouler sur Mars…
Détails des roues arrières…
Sur le statique ou dans le Pavillon, on peut même croiser les Co-Pi de la vraie mission MSL ou les professeurs et quelques-uns des étudiants qui ont fabriqué cette belle réplique…
Présentation de la mission MSL (1/3).
Présentation de la mission MSL (2/3).
Présentation de la mission MSL (3/3).
Petit globe martien dans le Pavillon du CNES.
Globe virtuel d'1,5 m de diamètre.
Globe virtuel d'1,5 m de diamètre en rotation.
A l'intérieur du Pavillon du CNES, on découvre notamment une animation sensationnelle et très visuelle : un grand globe virtuel d'1,5 m de diamètre, conçu par les ingénieurs du CNES. Il s'agit en fait de 4 vidéo projecteurs associés qui projettent au même moment des images rectifiées sur ce globe, le tout étant assisté par un ordinateur chargé d'animer les images projettées à la volée et de les déformer sur une sphère. Le résultat est splendide et permet de mapper n'importe quel corps sphérique du Système Solaire ou de l'Univers.
On retrouve donc le Soleil et son cortège de planètes dont la splendide planète Mars… Bravo et merci au CNES, c'est ici un superbe projet très pédagogique permettant de contempler les paysages de Mars d'une très belle façon !
2ème jour : au Pavillon de l'Agence Spatiale Européenne…
Si le Pavillon de l'ESA brillait il y a deux ans de mille feux martiens, on ne peut pas en dire autant cette année. La pauvre mission ExoMars est en perdition jusqu'en dans le Pavillon de l'Agence européenne. On la retrouve dans un bocal, sous la forme d'une toute petite maquette au 1/4. Date officielle de lancement : 2016. Pourvu que les finances suivent…
Le rover de la mission européenne ExoMars.
Gros plan sur les panneaux solaires d'ExoMars.
3ème jour : retour au CNES !
Aujourd'hui, l'actualité martienne au Salon a sans aucun doute été la signature à 12h de l’accord CNES-Roscosmos relatif à la mission Phobos-Grunt.
La mission Phobos-Grunt est une ambitieuse mission scientifique russe, à laquelle le CNES et les scientifiques français ont souhaité contribuer. Cette mission a pour objectif le retour sur Terre d’échantillons de Phobos (satellite naturel de Mars), la caractérisation physico-chimique de la surface de Phobos, l’étude de l’environnement ionisé de Mars, et de son interaction avec le vent solaire et l’étude de l’atmosphère martienne.
Le lancement de cette mission est prévu en octobre 2009. Phobos-Grunt consiste en un véhicule emportant en particulier un atterrisseur, lui-même équipé d’un module de retour sur Terre. Cet atterrisseur est doté d’une charge utile scientifique, ayant pour but l’analyse in-situ du sol de Phobos et l’aide à la collecte des échantillons, à laquelle la France contribue. En effet, c'est par trois contributions instrumentales françaises (financées par le CNES) que nous sommes à bord. L’Accord signé aujourd’hui entre Roscosmos et le CNES relatif aux instruments scientifiques français de la mission Phobos-Grunt, prévoit la possibilité pour le CNES de recevoir des échantillons du sol de Phobos pour analyses par les scientifiques. Sur cette mission est prévu également un orbiteur martien dénommé Yinghuo-1 comprenant quatre instruments scientifiques, financé et développé par le Gouvernement chinois.
La mission Phobos-Grunt.
La contribution française à cette mission :
Les contributions instrumentales françaises à la mission concerne la suite instrumentale GAP (Gas Analytic Package) qui sera le moyen principal pour caractériser la composition du sol du point de vue moléculaire et qui sera constitué de :
– un Pyrolyseur – Analyseur Thermique Différentiel (TDA),
– un Spectromètre Laser (TDLAS),
– un Spectromètre de Masse (MS),
– un Chromatographe en Phase Gazeuse (GC).
Le Groupe Spectrométrie Moléculaire et Atmosphérique (GMSA), de l'Université de Reims, contribuera à la réalisation du Spectromètre Laser (GAP-TDLAS : Tunable Diode LAser Spectrometer) et le Service d'Aéronomie, situé en région parisienne, contribuera à la réalisation du chromatographe en phase gazeuse (GAP-GC : Gas Chromatograph).
Le CNES assure pour le compte des partenaires nationaux (laboratoires du CNRS), la maîtrise d'ouvrage de la contribution instrumentale française à PHOBOS-GRUNT.
Bref, malgré les incertitudes de notre époque, cette mission internationale est notre seule opportunité pour l'année 2009 d'envoyer une sonde vers Mars. Pourvu qu'elle parte en temps et en heure…
4ème jour : cap dans le Pavillon américain (Hall 3) :
Evidemment, c'est sur le stand de la NASA qu'il faut se rendre. Et là, déception, on ne parle que de la Lune ! Certes les maquettes d'Ares I et Ares V sont superbes, certes l'échantillon lunaire collecté par Dave Scott lors de la mission Apollo 15 est magnifique, mais pas de planète Mars en vue, sauf… sur l'écran vidéo qui présente en boucle quelques étapes de l'exploration spatiale américaine. Dommage, car si le programme lunaire est à l'honneur fort justement, l'étape suivante est Mars… et l'Agence ne devrait pas trop vite l'oublier !
Le stand de la NASA (Spirit est présenté à l'écran).
Le stand de la NASA (MSL est présenté à l'écran).
A côté du stand de la NASA se trouve, pour les amateurs et spécialistes de traitements d'images, l'américain ITT, qui entre autres activités édite un logiciel de traitement d'image très sophistiqué utilisé par la NASA et l'USGS : ENVI…
Panneau ITT.
Enfin, de l'autre côté du stand de la NASA se trouve celui d'un autre éditeur américain de logiciel : ESRI Inc. On peut y découvrir une démonstration de ce que les Systèmes d'Information Géographique (SIG) peuvent apporter en terme de cartographie et rendu 3D sur Mars comme sur la Terre. Ainsi, il est facile de se promener tel un oiseau, au-dessus des Columbia Hills, d'explorer comme Spirit le fait depuis 5,5 ans Home Plate et Von Braun, bref de comprendre et d'appréhender le paysage du cratère Gusev.
Station de rendu 3D, montrant les Columbia Hills.
Les Columbia Hills, Home Plate et Von Braun.
Les Columbia Hills, Home Plate et Von Braun.
5ème jour :
Ce vendredi n'est pas comme les autres. Nous avons en effet rendez-vous à 13 heures avec un "Moon Walker", l'astronaute américain Dave Scott et son épouse, invités par Olivier de Goursac sur le stand de la NASA. Dave est un vétéran de l'exploration spatiale, pilote de Gemini 8, pilote d'Apollo 9 et commandant de bord d'Apollo 15 ! Il est le 7ème homme à avoir marché sur la Lune, sur un total de 12. Il vient commenter une petit bout de cailloux…
Dave Scott fait un petit discours.
Dave et son épouse avec le livre d'Olivier ouvert sur un panorama A15.
De nombreux fans entourent Dave Scott devant un échantillon lunaire qu'il a ramassé il y a 38 ans !
Pour revenir à notre Salon du Bourget et à Mars, c'est sur le stand Russe de Lavochkin que l'on retrouve la maquette de la mission "Phobos Sample Return", alias "Phobos-Grunt".
La sonde Phobos-Grunt et ses panneaux solaires.
Fiche signalétique de la mission.
La mission est toujours prévue pour partir en octobre 2009, avec un voyage entre la Terre et Mars d'environ 11 mois. Le module de retour doit décoller de Phobos avec sa précieuse cargaison d'environ 200 gr d'échantillons en juillet 2011 pour une arrivée sur Terre en juin 2012 ! Peut-être que la France pourra être parmi les nations à obtenir de la part des Russes quelques grammes, comme cela s'est déjà produit dans le passé avec leurs échantillons lunaires…
Architecure de la sonde Phobos-Grunt.
"Phobos-Grunt" vue du dessus.
6ème jour :
Une fois encore, la météo n'est pas très clémente…, mais cela va avec le Salon du Bourget et sa réputation. Aujourd'hui, il faut se rendre sur le stand d'oerlikon space pour trouver quelques thèmes martiens.
Et en effet, c'est d'abord une maquette à l'échelle 1:1 d'ExoMars qui nous est présentée. Elle appartient en fait à EADS Astrium.
Le rover ExoMars en taille réelle.
oerlikon space est le sous-traitant d'EADS Astrium, chargé du développement du système de déplacement de l'engin…
Sur la fiche signalétique de l'engin, la date d'arrivée sur Mars est prévue en 2018 ! Cela laisse donc encore un peu de temps pour trouver les budgets de financement…
Fiche signalétique de la mission.
Enfin, sur le stand vous pourrez vous essayer au pilotage du rover ExoMars à la surface de Mars grâce à un simulateur. Totalement fait en images de synthèse, il faut reconnaître que s'il a le mérite d'exister, il n'est pas d'une très bonne facture. Les paysages notamment sont assez décevants…
Simulateur de conduite du rover.
7ème et dernier jour :
Plus rien de martien à signaler ! Dommage, car l'édition précédente était manifestement plus riche sur ce sujet aussi…
Mais bon, ce fut quand même un bon Salon, et c'est l'essentiel. Rdv est donc prit pour la prochaine édition.
© Textes : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : Gilles Dawidowicz.