Certes, la sonde Phoenix est bel et bien sur Mars. Oublions les très (trop) nombreux échecs passés, américains, soviétiques… japonais et européens.
Mais tout de même, depuis que Phoenix s'est posée dans Vastitas Borealis, rien de va plus à bord et les ingénieurs du JPL doivent faire face à de très nombreux problèmes :
– de communications et de relais radio avec les sondes en orbite autour de Mars qui se prennent de temps en temps quelques bouffées solaires ou cosmiques et interrompent les transmissions,
– de conception du logiciel de bord gérant la mémoire flash trop vite saturée et qui plonge régulièrement la sonde en mode "secure" ce qui lui fait perdre ses données scientifiques en "rebootant" de manière intempestive, et qu'il va falloir débugguer puis mettre à jour à distance,
– de conception hardware avec certaines des trappes des mini-fours mal montées voir carrément pas vérifiées (on a du faire des économies quelque part…) et qui restent bloquées au lieu de s'ouvrir en grand,
– de conception hardware encore et toujours avec les mêmes mini-fours qui sont munis d'un tamis … trop fin pour laisser passer les grumeaux martiens pleins de glace mais qui finissent par rétrécir à mesure que l'on attend que la glace se sublime avant de la cuire (si l'eau se sublime, on ne la trouvera plus dans les échantillons)…
Bref, nous avons là encore un bel exemple qui illustre le fait que les activités de haute technicité ne se bradent pas. Et que pour qu'elles réussissent, elles doivent coûter de l'argent, sans économies de bout de chandelles ! Ni sur la réalisation des programmes, ni sur les tests et vérifications qualité, ni sur les opérations une fois l'ensemble à bon port…
Soyons décomplexés :
– Oui le spatial coûte de l'argent. Mais oui il en rapporte plus encore !
– Oui le spatial est une entreprise risquée. Mais oui on peut la maîtriser correctement !
– Oui l'exploration de Mars est complexe. Mais on en apprend tous les jours un peu plus…
Quant à Phoenix qui vient de passer ses 33% de durée de vie, il ne manquerait juste que le changement climatique martien nous avance un hiver froid et rude, que les instruments scientifiques soient mal calibrés, que la batterie lâche, que le bras robotique casse ou se bloque ou encore qu'une météorite traverse l'un des panneaux solaires voire décapite le mât central avec ses caméras, et tout devrait rentrer dans l'ordre… martien ! Boutades, mais tout de même : quant on voit avec quel acharnement les ingénieurs et scientifiques de la NASA travaillent à régler les problèmes, on ne peut être qu'admiratif !
Ce chemin long et difficile à maîtriser en fait toute sa noblesse. Et c'est pour cela que les équipes de la NASA et du JPL y croyent. Et c'est aussi pour cela que nous y croyons avec eux…
Non, Mars n'est pas une poisse, mais tout le contraire, une espérance, une opportunité, une chance !
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL-Caltech/University of Arizona/Texas A&M University.