Tout récemment, la Mars Society vient d’annoncer son projet de réalisation d’une mission d’une année complète dans son habitat martien simulé FMARS, qu’elle a implanté dans l’Arctique canadien, à plus de 75° de latitude Nord. Jusqu’à présent, la durée des campagnes annuelles étaient d’un mois, à l’exception de l’une d’entre elles, de trois mois. Un séjour d’un an, en isolation totale et dans un environnement qui, s’il n’est pas martien, impose des conditions d’existence et de travail largement aussi contraignantes, va constituer une contribution majeure dans la préparation des futures expéditions vers la Planète rouge. La communauté scientifique porte d’ailleurs un intérêt marqué à ce projet, comme en atteste la qualité des membres de son conseil scientifique et les discussions en cours, de façon plus large, avec les spécialistes de l’Arctique, qui souhaiteraient profiter de cette opportunité exceptionnelle pour voir « embarquer » leurs expériences.
La station FMARS est la première station opérationnelle de simulation de la Mars Society. Elle est entrée en service lors de l’été 2001. Charles Frankel, membre du conseil d’administration de l’association Planète Mars, a fait partie du deuxième équipage, FMARS 2, dirigé par Robert Zubrin en juillet 2001 et ses aventures avaient fait l’objet d’un récit journalier dans le journal « Libération ». Charles est, à ce jour, le seul membre de l’association ayant fait partie d’un équipage FMARS. De nombreux membres ont pu participer à des simulations dans la station de l’Utah MDRS, le cumul des jours passés par nos membres en simulation dans cette station atteignant la moitié d’un séjour martien de 500 jours.(Doc. TMS)
L’opération est prévue en deux phases : cet été est planifiée une mission dédiée à la maintenance et à la mise à niveau de la station. Pour lui assurer une autonomie d’un an en toute sécurité pour l’équipage, et en particulier pour lui permettre de traverser les conditions extrêmes de l’hiver polaire, il est en effet nécessaire d’en compléter l’équipement (chaufferie renforcée, générateurs redondants, stocks divers… sans oublier les équipements scientifiques). Le coût de cette phase est chiffré à 130000 $, dont une part est déjà assurée en nature à travers la fourniture des rotations aériennes de livraison des matériels et d’acheminement des personnels.
La phase opérationnelle d’un an démarrerait à l’été 2014. Son coût est estimé à 1000000 $, somme conséquente, mais pour la réunion de laquelle la Mars Society dispose de plus de temps et à laquelle devraient contribuer les organismes de recherche participants.
Les difficultés techniques, logistiques, humaines de ce projet sont importantes. Mais, s’il peut être mené à bien, son impact promet d’être remarquable. Sur le plan technoscientifique d’abord, car ce sera la simulation la plus représentative jamais menée, avec en particulier des informations précieuses dans le domaine humain. Et sur le plan médiatique, le retentissement promet d’être très significatif. Mais il s’agit d’abord de surmonter l’obstacle du financement ! La Mars Society a déjà relevé un défi d’une ampleur identique avec la mise en place de FMARS en 2000. L’urgence est de boucler le budget de la phase 1, pour laquelle la Mars Society s’appuie sur le « crowdfunding » (appel à contributions par Internet).
Face à l’enjeu de ce projet, votre association, en accord avec sa politique ayant consisté depuis le début à constituer des réserves en vue de soutenir des opérations significatives, a décidé d’aider la Mars Society à hauteur de 6500 $. Cet effort a été très apprécié par nos amis américains, qui s’en sont fait l’écho sur leur site. Il devrait contribuer à encourager les dons de diverses sources. A noter que par le passé Planète Mars a déjà financé deux opérations conséquentes : une campagne de rénovation de la station MDRS de l’Utah (dont de nombreux membres ont bénéficié au cours de plusieurs campagnes), avec une contribution de 10000 $ ; et un projet en cours d’étudiants de l’Ecole Centrale de Lille consistant, avec le soutien du CNES, à simuler à bord de l’Airbus Zéro G de Novespace le déploiement d’un système de gravité artificielle centrifuge (contribution de 5000 €).
Il reste à souhaiter que ce beau projet pourra aboutir. Les signes sont encourageants mais… tout reste encore à faire. Nous suivrons les événements de près, en particulier à l’occasion de la prochaine Convention annuelle de Boulder du mois d’août.
Voir également: Le message du 17 juin de la Mars Society