Nous sommes le 12 novembre 2006, quelque part au-dessus d'un petit cratère d'impact martien d'environ 1.000 mètres de diamètre, situé vers 18,5°N par 65,0°E. Il est 15h29 heure locale. Nous sommes à Ls = 134,2°, soit durant l'été dans l'hémisphère Nord.
La sonde américaine MRO pointe sa formidable caméra HiRISE sur cette cible qu'elle détaille à la résolution de 25 cm par pixel. Elle est alors à 278 km d'altitude. Le Nord est en haut de l'image.
Ce que l'on observe alors à haute résolution sur les parois internes de ce cratère d'impact est tout à fait exceptionnel. Il s'agit de blocs et autres rochers qui dévalent la pente depuis l'amont, jusqu'en aval. Gravité oblige. Aussi commun sur Mars que sur Terre, ce phénomène prend dans cet exemple une autre ampleur qu'un classique mouvement de masse ou de terrain. En effet, au moins deux des blocs n'ont pas dévalé la pente de manière classique, c'est-à-dire en roulant ou en glissant, mais l'ont plutot dévalé en rebondissant plusieurs fois, voire en sautant et pas toujours verticalement ou en ligne droite !
Ceci est mis en évidence par deux lignes "pointillées", qui trahissent le passage de deux blocs de belle taille. Elles se situent sur le rempart Nord du cratère (à midi et à 2 heures). Il semble bel et bien que les blocs en question aient parcouru une légère courbe dans leur descente respective vers le plancher du cratère d'impact. Il semble aussi qu'ils aient sauté plutot que glissé et ceci à plusieurs reprises, tout du long de leurs trajectoires. Les autres blocs quant à eux, se sont comportés "normalement". Ils ont dévalé la pente en glissant jusqu'aux dunes de sables accumulées sur le planche du cratère. Lérosion éolienne a ensuite fait son oeuvre en effaçant les traces de ces glissades…
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : NASA/JPL/University of Arizona.
Est-ce qu’on est sûrs que ce sont des rochers ? On voit bien quelque chose comme ça en aval de la piste « midi », mais il n’y a rien au bout de la piste « 2 heures ». Pourtant, cette « chute de pierres » a dû se produire juste avant la prise de vues, puisque toutes les pistes d’éboulement sont estompées sauf ces deux-là.
Le rocher responsable de la trace située « à deux heures » sur les flancs du cratère est visible juste en bordure du champ de dunes du fond du cratère. Il a franchi la toute première petite dune.
Merci pour cette précision. D’ailleurs j’avais moi-même changé de point de vue … en relisant l’article, tout simplement ! Mon idée c’était qu’on avait peut-être affaire à des blocs de glace, mais 18,5° N c’est tout près de l’équateur. On est du côté de Syrtis Major, c’est ça ?