Vue d’artiste de TGO en orbite martienne. (doc. ESA)
Arrivé sur une orbite martienne très elliptique dès octobre 2016, la sonde européenne TGO (Trace Gas Orbiter) n’a rejoint son orbite de travail (une orbite circulaire de 400 km d’altitude) qu’après une longue phase d’aérofreinage, au cours de laquelle, au moyen de « frôlements » répétés de l’atmosphère martienne, elle a progressivement réduit l’altitude de son apoastre. La voilà donc à pied d’oeuvre, à la grande satisfaction de ses concepteurs et utilisateurs, à qui l’attente a dû sembler interminable, même s’ils ont pu mettre à profit ces longs mois pour peaufiner les réglages des instruments et la conception de la mission.
Glacier sur le rempart du cratère Korolev. (doc. ESA/Roscosmos/CaSSIS)
Comme pour annoncer cette entrée en phase active de TGO, l’équipe du projet vient de nous gratifier, en guise de faire-part, de cette superbe image (prise le 15 avril) qui montre une partie du rempart du cratère de 84 km de diamètre Korolev, garni de dépôts de glace. La présence de glace en abondance dans ce cratère, situé en région circum-polaire boréale (73°N), est connue depuis longtemps. Mais quelle chance d’en avoir désormais une vue aussi précise et d’une telle beauté ! Certes, la glace polaire ou circum-polaire, malgré sa facilité de minage, ne constitue sans doute pas la source optimale pour alimenter un futur établissement humain, ne serait-ce que du fait de sa situation au-delà du cercle polaire et des problèmes d’alimentation en énergie photovoltaïque qui en résulteraient. Mais survoler ces glaciers, dont on sait qu’ils sont présents en de très nombreuses régions (la plupart du temps recouverts de régolite), conforte l’optimisme avec lequel on peut envisager le séjour d’humains sur la Planète rouge.
Cette image est l’oeuvre de la caméra CaSSIS (Colour and Stereo Surface Imaging System),développée par une équipe internationale placée sous la direction de Nicolas Thomas, de l’Université de Berne, en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). La résolution de l’image est de 5 m. Elle est en fait la combinaison de trois images en différentes couleurs, prises quasi simultanément. Mais au-delà de cet aspect de documentation photographique, CasSSIS va aussi contribuer à la mission capitale de TGO : la détection du méthane atmosphérique (avec une sensibilité extraordinaire) dont on espère pouvoir affiner les mesures de concentration et déduire des indications sur l’origine du gaz (métabolique ou géologique).
Félicitations toutes particulières à nos amis suisses pour cette belle contribution à l’avancement de nos connaissances sur la planète.
Vue du modèle de vol de la caméra CaSSIS (doc. ESA/Univ.de Berne)