C’est la caméra HRSC de la sonde européenne MEX qui a prit ce cliché d’une zone de Valles Marineris, lors de l’orbite n°18, le 14 janvier 2004 à 275 km d’altitude.
Nous sommes en fait dans le Nord du célèbre canyon, entre 5 et 10°N par 323°E. La résolution est de 12 m par pixel et l’image couvre une zone de 50 km de large. Le Nord est à droite.
On y observe une région de mesas, de lambeaux de plateaux, d’abrupts, des terrains chaotiques, de vallées à fonds plats, le tout relativement peu cratérisé (les cratères sont de toutes tailles et certains possèdent même quelques beaux éjecta fluidisés…). En fond de vallées, on observe des buttes témoins plus ou moins pyramidales, des coulées de matériaux, des fluages, des bourrelets, des chenaux, des terrasses fluviatiles, des accumulations éoliennes, des dunes… A flancs de versants, on observe des mouvements de masse, des coulées et des cônes de débris, des tabliers d’éboulis…
Nous avons sous l’œil de la caméra, un splendide exemple de la géomorphologie typique de la planète Mars… avec pléthore de formes et formations. Le tout trahissant de fortes interactions entre le paysage et des actions de l’érosion particulièrement efficaces.
Toutefois, si beau et fascinant que soit ce paysage, l’attention de l’observateur se porte rapidement sur la tache sombre en haut à gauche du cliché. Elle est tout bonnement inexplicable ! On peut simplement la décrire comme une tache d’albédo, probablement un dépôts de matériaux fins et sombres…
C’est une réalité physique du terrain, qui localement et pour une raison inconnue est plus sombre ici que partout ailleurs dans la région. Curieusement, la tache possède une forme aérodynamique qui peut provenir d’un écoulement éolien ou d’un écoulement hydrodynamique. Toutefois, rien ne nous permet de caractériser sa véritable nature, ni d’évaluer les propriétés de ce sol, ni même ses caractéristiques physico-chimiques.
Cette tache s’est développée sur un lambeau de plateau de faible élévation (par rapport aux plateaux alentours), depuis une "source" étonnante qui apparaît comme une saignée verticale (orientée Est-Ouest) située à droite de la tache, un genre d’évent. Il est à noter que la tache recouvre partiellement dans sa partie Est (en bas sur le cliché), un cratère d’impact. Elle semble l’avoir « survolé » sans s’y être déposé complètement. De même, il convient de noter que la tache a dépassé sur la gauche du cliché (vers le Sud), les pentes abruptes du lambeau de plateau sur lequel elle s'est épanchée… Rien ne nous permet d'évaluer son épaisseur, même si l'on est tenté de croire que cette tache est très peu épaisse.
Ce type de formation géomorphologique est fascinant à étudier et il faudra encore beaucoup d’imagerie à haute résolution et d'analyses dans différentes lognueurs d'ondes pour en comprendre la vraie nature…
© Texte : Gilles Dawidowicz/APM.
© Images : ESA/DLR/FU Berlin (G. Neukum).