Six membres de l’association Mars Society Belgium sont en simulation martienne dans l’Utah du 6 au 20 février 2010.
Le premier équipage MDRS belge. De gauche à droite: Nicky de Munster, Pierre- Emmanuel Paulis, Margaux Hoang, Arjan van der Star, Nancy Vermeulen, Nora Martiny
Nancy Vermeulen est la présidente de Mars Society Belgium et Pierre-Emmanuel Paulis le vice président. Pierre Emmanuel faisait partie de l’équipe de simulation MDRS 7 en 2002 avec Charles Frankel et Alain Souchier de l’association Planète Mars. Voir sur le site « Projets – Planète Mars – Base de recherche martienne du désert (MDRS) -2004/2003/2002 – équipage 7 »
Les objectifs de la mission MDRS 90
Ces objectifs sont à la fois scientifiques et pédagogiques.
Chaque membre apporte un savoir-faire scientifique et pédagogique, et prend une responsabilité au sein de l’équipage.
Les expériences porteront sur des domaines aussi variés que : la géologie, la biologie, l’hydrographie, la météorologie, le mouvement des sols, l’astronomie, la géographie, le compostage et la protection de l’environnement et sur l’économie d’eau.
Les plus spectaculaires seront:
- le déploiement d’un robot, le VRP (Véhicule de Reconnaisance de Paroi), mis au point par Alain Souchier: ce robot sera descendu le long de falaises et de parois abruptes afin d’étudier les strates géologiques, de détecter la présence de fossiles et de sources d’eau.
Explications sur le montage et le mode d’emploi du Véhicule de Reconnaissance de Paroi le 23 janvier à Vernon
Deux objectifs de mission pour le VRP: descendre et remonter les 25 m de l’arche de Candor Chasma jusqu’au point indiqué CRV4 (à gauche), descendre et remonter le flanc très accidenté de Stacy’s Cake (à droite)
- le largage d’un ballon stratosphérique qui montera à une altitude de 50 kilomètres afin de filmer le sol et d’envoyer des données altimétriques et de températures. Ce ballon est mis au point par l’association Astro Event Group d’Ostende.
- une expérience de compostage avec des vers de Californie et des vers de fumier dont l’objectif est d’étudier comment, en mission martienne, fabriquer du compost à partir des déchets émis par l’équipage.
- mesure de l’irradiation du Soleil afin de déterminer la quantité d’énergie reçue du Soleil en un lieu.
Un important volet pédagogique est également mis en œuvre:
-
- contacts radios et vidéos en direct avec diverses écoles et associations: notamment l’école de Suarlée (Namur), école Saint-Servais de Liège, le « Club Apollo » de Paris, une école de Saint-Charles (Missouri, USA), avec l’Euro Space Center de Redu etc … ainsi que des écoles en Flandre (la liste définitive n’est pas encore complète mais pourra être communiquée sur demande).
- développement du programme pédagogique du Mars Camp de l’Euro Space Center: observation et étude des procédures, du matériel, de l’aspect psychologique etc …
Pour plus d’informations voir:
www.marssociety.be
www.tania-astronaute.net/aventuresAUTEURautresactivitesMARS-2010.html
www.eurospacecenter.be/mdrs.htm
www.marsociety.org (en anglais)
www.rtbf.be/info/regions/liege/ils-revent-de-mars-et-ils-posent-le-pied-en-utah-185172
www.freemars.org/mdrscam (pour l’accès aux webcams du Hab)
Vendredi 5 février
Trajet en avion Bruxelles, Atlanta, Salt Lake City, Grand Junction (Colorado). Pierre-Emmanuel Paulis raconte:
« 18 h 00, heure européenne
Le soleil est pourtant toujours haut dans le ciel. Cela fait 8 heures que nous sommes en l’air, sous les ailes de l’avion défilent les étendues enneigées du Labrador. Nous avons laissé derrière nous les icebergs du sud du Groenland, aperçus entre de gros cumulonimbus.
C’est mon 33ème voyage vers les Etats-Unis et pourtant l’ambiance est différente. Nous sommes 6 à partir. 6 amis qui se préparent à une aventure particulière depuis plus de 3 mois. 6 passionnés d’espace, 6 passionnés de Mars.
A l’aéroport de Bruxelles, des caméras étaient braquées sur nous, des micros enregistraient nous conversations …Plusieurs télévisions flamandes tenaient en effet à assister à notre départ. Aucun journaliste francophone…
Aucun ? Si …à quelques rangées derrière nous a pris place une équipe de la RTBF menée par la journaliste Natalie Massart et un journaliste indépendant.
Que se passe-il-donc pour que notre voyage suscite autant d’enthousiasme ?
Nous sommes en route pour Mars … ou plutôt vers le désert de l’Utah et la base martienne MDRS (Mars Desert Research Station).
Nous constituons le premier équipage entièrement belge de simulation martienne, MDRS 90.
Dans 2 heures nous nous poserons à Atlanta, puis direction Salt Lake City (nord de l’Utah), puis un troisième avion nous emmènera au sud du Colorado, à Grand Junction. Là nous passerons la nuit et demain nous prendrons palace à bord d’un véhicule 4X4 qui nous attend à l’hôtel. Nous traverserons les Rocheuses, la frontière de l’Utah pour atteindre Hanksville. Le dernier conatct avec la civilisation avant de nous enfermer 2 semaines à bord de la MDRS, isolée en plein désert, à 1500 mètres d’altitude.
Il s’agit de ma deuxième expérience de ce type, ayant déjà séjourné à bord de la MDRS en novembre 2002, inclus au sein de l’équipage international MDRS 7.Une expérience extraordinaire, fabuleuse. Il ne se passe pas un jour depuis 7 ans où je n’y pense pas. Il y a des images qui marquent à vie … comme par exemple les chevauchées en quad dans le désert en scaphandre spatial au coucher du soleil… Je ne pensais pas revivre cela un jour. Je suis très impatient de revivre tout cela et je pense que je serai très ému de retrouver la MDRS.
Je suis donc le vétéran de l’équipe et suis le Vice Commandant de cette nouvelle mission, laissant le rôle de Commandante à ma coéquipière Nancy Vermeulen, Présidente de la Mars Society Belgium.
Mes autres coéquipiers sont Nora Martiny, institutrice, ( Malmedy ), Margaux Hoang, étudiante, de (Sprimont), Nicky De Munster (Waregem), et Arjan van der Star ( Lanaken), enseignants. 3 Wallons, 3 Flamands. 3 femmes, 3 hommes. Une représentante de la Communauté Germanophone. Parfait pour une équipe belge non ?
Nous profitons des heures d’avion pour nous reposer, nous distraire mais aussi pour parfaire notre plan de mission. Je rejoins Natalie Massart et son cameraman afin peaufiner les projets de reportages pour les journaux télévisés.
23 h 00.heure européenne
C’est parti pour la seconde étape …la traversée des Etats-Unis; direction Salt Lake City.
L’escale à Atlanta fut courte et bien occupées; on avait un peu peur avec le matériel délicat que nous transportons, d’inquiéter les services de sécurité. C’est fou comme les contrôles ont encore été renforcés depuis mon dernier voyage aux Etats-Unis, qui ne date pourtant que d’ il y a 1 mois à peine. Nous nous sommes posés à Atlanta dans un épais brouillard en nous n’avions que 2 heures devant nous.
Pour l’équipe de la RTBF, ce fut laborieux; un pied de caméra n’étant pas arrivé. Tant pis … Natalie et ses équipiers, las de l’attendre se sont résignés et ont attrapé de justesse l’avion pour Salt Lake City. On a bien craint qu’ils ne le loupent. Nous étions déjà installés à bord quand ils sont arrivés tout essoufflés.
La porte du cockpit était ouverte … l’occasion d’y jeter un coup d’ oeil bien sûr. On risque de demander à une hôtesse si on peut faire une photo ? Requête acceptée et j’immortalise notre benjamine Margaux coiffée de la casquette du Commandant de Bord !
Nous commençons à ressentir la fatigue. Et pourtant le voyage est loin d’être terminé. 4 heures nous séparent de Salt Lake City. Il sera passé 5 h du matin en Belgique lorsque nous nous poserons à Grand Junction. Et dire qu’il faudra … 6 mois de voyage aux courageux astronautes qui partiront vers Mars.
Je suis assis cette fois à côté de Nancy et nous en profitons pour parler de la mission, de toutes les tâches qui nous attendent, et bien sûr de la Mars Society Belgium que nous présidons. Tous cela en dégustant un plat de fruits de mer accompagné d’un délicieux vin blanc, à 11000 mètres d’altitude au-dessus du Kansas, éclairé par les rayons rasants du soleil couchant …
Natalie Massart nous rejoint quelques minutes; elle est inquiète à propos du pied de la caméra resté en carafe à Atlanta. Il contient également les batteries de rechange pour la caméra … Croisons les doigts pour que ce pied arrive avec le prochain avion. »
Samedi 6 février
Trajet de 260 km en voiture de Grand Junction à Hanksville, petite localité à proximité de laquelle se trouve la station Mars Desert Research Station ou MDRS, désignée également le Hab pour habitat.
Seulement deux jours de trajet contre 6 mois pour une véritable mission!
Peu après 15 h heure locale ou 23 h heure européenne, l’équipe MDRS 90 est au Hab.
Vues extérieures du Hab dans la neige et de l’arrivée de l’équipe MDRS 90
Rez de chaussée: le labo atelier et la salle des scaphandres
Pierre-Emmanuel Paulis nous relate ses aventures et les activités de l’équipage:
« 19 h 15 heure de Mars
Ca y est nous sommes dans la base martienne.
Il s’est évidemment passé beaucoup de choses aujourd’hui.
Impossible de tout relater maintenant, je suis très occupé par les tâches dont j’ai les responsabilités.
La grande nouvelle est que nous sommes sous la neige; il neigeait bien ce matin lorsque nous avons quitté Grand Junction. Et nous avons pris un peu de retard suite à un petit problème avec le véhicule de location : la jeep louée n’avait pas de plaque ! Je m’en suis aperçu alors qu’Arjan arrivait avec à l’hôtel pour nous embarquer tous.
Il a donc fallu retourner à l’agence de location et changer de véhicule.
Puis quelques courses à Grand Junction et direction Hanksville. 2 bonnes heures de route dans la neige, dans de merveilleux paysages.
Un journaliste du « Morgen » nous a rejoint également.
Nous étions donc 10 répartis dans 3 véhicules tout terrain pour rejoindre la MDRS.
La piste à travers le désert fut épique : beaucoup de boue, de neige, de rivières à traverser. Tout était à sec lorsque je suis venu il y a 7 ans; maintenant les rivières sont bien remplies.
Nous étions tous éberlués par les paysages.
Enfin le Hab est apparu, l’équipage MDRS 89 nous attendait avec impatience. Au loin nous avons vu les membres guetter notre arrivée depuis le sommet d’une butte.
Mes camarades étaient très excités de voir apparaître enfin leur lieu d’habitation pour les 15 prochains jours. De mon point de vue j’étais plutôt ému de retrouver ce lieu que je n’aurais jamais pensé revoir un jour.
L’accueil fut très chaleureux.
Ce fut le début d’une intense activité pour chacun d’entre nous. En 2 heures nous devons tout apprendre à propos du fonctionnement de la MDRS.
Nicky et moi nous occupons de tout l’engineering; en tant que Vice Commandant, je dois connaître un maximum de choses. Et il y en a !
Le fonctionnement des générateurs, de la serre, du système électrique, des toilettes, comment approvisionner les réservoirs en eau potable, la régénération de l’eau, ce qu’il faut faire en cas de pannes,
etc… etc… Les autres apprennent comment fonctionnent les quads, comment enfiler les scaphandres etc…
Et tout cela sous les yeux attentifs de nos amis journalistes.
Puis il est temps des aux revoirs… l’équipage MDRS 89 reprend le chemin de la Terre. Nous sommes désormais seuls sur Mars. Mais pas le temps de nous en rendre vraiment compte. Il y a trop à faire.
Il est déjà 19 h lorsque nous avons un peu de temps pour nous installer, boire un coup, et ensuite nous tenons un rapide briefing afin d’organiser la soirée et la journée de demain. Je me rends compte que je n’ai même pas pris de photos en extérieur.
Chaque soirée sera bien occupée; nous devons rédiger des tas de rapports : rapports du Commandant pour le centre de contrôle, rapport médical, rapport technique, rapport pour les journalistes, rapports personnels … sans oublier de remplir une fiche concernant notre alimentation : une étude réalisée par l’Université d’ Hawaii.
Il est 21 h 30 et il faut encore préparer le repas. »
Dimanche 7 février
L’équipe de la RTBF en tournage au premier étage du Hab
« 7 h 30
Cela fait déjà une heure que je suis levé. Le décalage horaire sans doute. Je n’ai pas trop mal dormi, malgré la chaleur et l’air tellement sec.
Déjà des problèmes avec la toilette ! La chasse ne fonctionne pas. Le spectacle n’était pas très ragoutant. Bref j’ai dû me rendre dans la serre effectuer les manoeuvres apprises hier, et pomper déjà la fosse sceptique. En fait Nicky, Margaux et Nora se sont levés également plus tôt que prévu.
Il a pas mal neigé la nuit.
Cela va poser problème; il fait très glissant. La RTBF va t elle savoir nous rejoindre ? La piste est recouverte de 5 cm de neige; tout est uniformément blanc. Il neige toujours un peu.
Je suis inquiet pour la manipulation du VRP. Ce sera difficile dans de telles conditions. Pourtant la RTBF voudra nous filmer en opérations. Sans doute nous contenterons-nous d’une démonstration.
Programme de la journée : d’abord notre travail d’ingénieur après le petit déjeuner, pour Nicky et moi, puis rapide briefing (avec la RTBF qui doit nous rejoindre pour 9 h), ensuite briefings quads et scaphandres. Puis déjeuner. Après midi : nettoyage du rez-de-chaussée (j’ai émis la proposition que celui-ci soit nickel, qu’on laisse nos chaussures dans le local des scaphandres) et pour Margaux et moi : début du montage du VRP. Ce serait bien qu’on puisse déjà l’emmener demain sur le terrain, la RTBF devant nous quitter mardi fin d’après-midi. Cependant j’estime qu’il est beaucoup trop dangereux de tenter de le faire descendre le long de parois abruptes par un temps pareil. Je suis allé faire le tour du hab après ma toilette, à chaque pas on manque de se retrouver par terre. Je voulais en fait filmer et prendre des photos au lever du jour sous la neige.
Internet ne fonctionne pas. Sans doute la neige sur l’antenne parabolique ?
Je ressors avec Nicky l’enlever. Le contact se fait, mais pas pour longtemps. Ben oui il neige toujours un peu. Décidément cette neige sera source de problèmes.
Nous sommes en simulation martienne, tout cela est néanmoins tout à fait réaliste; il neige en effet sur la planète rouge.
Margaux et Nora sont en train de préparer le petit déjeuner. Il est temps de réveiller Nancy et Arjan.
12 h 00
Nous venons de rentrer après quelques heures dehors.
L’équipe des journalistes a réussi à nous rejoindre. A force de patiner et de glisser ! On croyait pourtant ne pas les voir arriver.
Nicky et moi avons briefé le reste de l’équipage aux opérations techniques, puis Nora et Margaux nous ont expliqué l’utilisation des scaphandres et Nancy celle des quads. Chacun notre tour nous avons démarré un quad (ATV en langage martien : All Terrain Vehicle) et appris quelques manoeuvres. Et tout ça sous de gros flocons et la caméra de la RTBF. Ce fut bien sympa. Mais il est clair qu’avec ce temps-là, nous ne pourrons pas aller bien loin.
Internet ne fonctionne toujours pas.
18 h
L’après-midi fut bien chargée. Margaux et moi l’avons consacrée au montage du VRP d’Alain Souchier. Il s’est déroulé sans problème.
La neige s’est transformée en pluie. La couleur du paysage apparaît enfin.
Je décide de tester le VRP et pars en repérage aux alentours proches du Hab. Il me faut trouver un endroit où on ne risque pas de glisser. Les seuls endroits possibles sont ceux où il reste de la neige. Les dunes sont impraticables; ce sont des en fait des montagnes de boue. Je comprends maintenant à quel point l’érosion a pu façonner ces extraordinaires paysages.
Je trouve exactement l’endroit qu’il me faut devant le module. Je redescends chercher Margaux et à nous deux nous mettons en oeuvre le VRP pour la première fois. Lentement je le fais descendre la dune, face au Hab. Margaux prend les photos. Manifestement, le VRP n’est pas bien équilibré.
A remédier donc demain matin.
Nora et Margaux préparent maintenant le repas du soir. Nicky fait la checklist technique du soir, Nancy écrit le rapport pour Mission Control. Arjan le premier rapport EVA (Extra Vehicular Activity); ma première sortie test du VRP est en effet considérée comme la première activité extra véhiculaire.
Je me sens fatigué aujourd’hui. Mais aussi en pleine forme. L’ambiance dans l’équipe est excellente. Chacun voit ce qu’il y a à faire et on peut compter sur tout le monde. »
Lundi 8 février
« 19 h 15
Quelle belle journée !
Le soleil nous a accompagné lors de notre réveil et a de suite mis tout le monde de très bonne humeur. Dèjà l’équipe de la RTBF est arrivée alors que nous terminions vite notre petit déjeuner… eh oui nous devions être prêts à 9 h 30 pour répondre à un appel téléphonique important : à l’heure pile prévue, notre téléphone satellite sonne : c’est … Frank De Winne ! Le contact était prévu, la RTBF est arrivée juste à temps. Chacun d’entre nous put lui parler quelques instants. En ce qui me concerne, Frank m’a interrogé sur notre programme scientifique. C’était la première fois que je lui parlais depuis son retour de ses 6 mois dans l’espace. Ce fut vraiment un grand honneur et une immense joie de recevoir son appel.
La journée sera donc consacrée aux tournages de la RTBF, et à démontrer nos expériences scientifiques.
Nancy commence avec son expérience solaire, qu’elle déploie sur la butte à côté du Hab.
Pendant ce temps, Margaux et moi installons le VRP sur un quad, il nous fallait trouver un système pour le fixer solidement à l’arrière et avoir suffisamment de place pour s’asseoir en scaphandre. Heureusement nous pouvons compter sur l’aide de Philippe, le journaliste du Soir accompagnant l’équipe de la RTBF. Ensuite nous dînons et enfilons nos scaphandres, de manière à être prêts lorsque le reportage avec Nancy sera terminé. Quelle synchronisation ! Nous sortons du hab juste comme la RTBF avait fini avec Nancy.
Ca y est, c’est notre tour. Je retrouve avec tellement d’émotion la vie en scaphandre spatial, la dépressurisation du sas, le premier pas sur Mars … Pour Margaux c’est évidemment la première fois.
Doc. équipage MDRS 90
Natalie Massart nous explique comment va se dérouler son reportage, le cameraman ce qu’il attend de nous.
Nous enfourchons nos quads et c’est parti. Nous avions repéré le chemin le matin avec Philippe, et avions trouvé des endroits extraordinaires pour y déployer le robot dans un décor prodigieux pour la caméra. Et tout cela dans un soleil radieux qui arrivait même déjà à sêcher la boue par endroit et bien sûr aussi à faire fondre la neige. Vite quelques photos avant que la neige ne disparaisse.
Nous partons donc vers le Nord, Margaux et moi chacun sur un quad (je pilote celui sur lequel est fixé le VRP); le troisième quad est piloté par Philippe; le caméraman Sammy et Natalie Massart sont dans leur 4X4 de location.
Après environ 3 km, nous quittons donc la piste sur la droite, en fait en suivant le lit d’un petit ruisseau? Nous roulons dans l’eau et pénétrons dans le canyon … quels décors ! Comment décrire ce qu’on voyait ? Ce dans quoi nous roulions ? Et on a pris d’autant plus de plaisir qu’on a dû le faire … plusieurs fois en raison du tournage télé. On a dû refaire et refaire certains passages dans des défilés, carrément dans la rivière. C’était surréaliste de faire ça en scaphandre spatial ! Comment décrire de tels moments ? Après plusieurs centaines de mètres dans le lit de la rivière, l’étroit défilé s’élargit brusquement en une vaste plaine, avec à gauche une falaise abrute et accidentée de toute beauté. L’endroit idéal pour expérimenter le robot et surtout pour filmer la séquence.
C’était donc la seconde fois que nous nous rendions là de la journée. Petite anecdote : le matin, lors du repérage hors simulation (c’est à dire sans scaphandre), je me repérais sur la carte préparée par Alain Souchier (le concepteur du VRP) et … patatra voilà que je laisse tomber mes papiers dans l’eau du ruisseau, alors que je les consultais, mon quad arrêté dans le canyon. J’ai dû descendre de mon « cheval », patauger dans l’eau pour les récupérer. Sous les éclats de rire de Philippe et de Margaux qui n’ont pas manqué évidemment de prendre des photos de ma délicate situation !
En route pour un essai du VRP dans le « wash » de Cactus Road. Les conditions ne sont pas très martiennes (du moins plus depuis les grandes inondations catastrophiques sur la planète rouge). Doc équipage MDRS 90
Pierre Emmanuel et Margaux au dessus de Cactus Road pour l’essai VRP. Doc.équipage MDRS 90
Nous arrêtons nos véhicules au pied de la falaise choisie pour l’expérience, détachons le VRP et contournons quelques gros rochers à la recherche d’une pente pouvant être gravie sans trop de difficultés. L’ascension est néanmoins épuisante, surtout qu’il faut monter le matériel : non seulement le VRP mais également le petit coffre contenant le matériel radio, les barres anti-roulis etc… Je porte le VRP, Margaux le reste. C’est une véritable procession qui gravit laborieusement la falaise. Je respire de plus en plus fort dans mon casque, je transpire, on doit s’arrêter quelques instants. La caméra filme toute l’ascension, Philippe prend des dizaines de photos.
Mais pas de regret. Quelle vue de la haut ! Extraordinaire, magnifique. Margaux et moi sommes bouche bée. Mais il est temps de parachever le VRP.
Doc. équipage MDRS 90
Une fois prêt, nous nous approchons délicatement du bord du précipice et lentement laissons descendre le petit robot dans le vide.
Natalie Massart nous interviewe, par l’intermédiaire du talkie talkie accroché à nos scaphandres et de l’oreillette fixée autour de l’oreille, et qui me fait d’ailleurs souffrir.
Le test se déroule bien jusqu’au moment où je commence à remonter le VRP. Soudain … la corde casse et le VRP, sous nos yeux catastrophés, rebondit quelques mètres plus bas avant de s’écraser contre un rocher … Nous restons tous muets … pourvu que les dégâts ne soient pas trop importants.
Pour le récupérer, une seule solution, y aller par le bas …
Nous redescendons donc par où nous sommes venus, redémarrons nos quads et les arrêtons au pied de la falaise. J’entreprends de gravir celle-ci et découvre le VRP mal en point mais réparable. Incroyable, c’est comme si la corde avait brûlé ! Je récupère les anti-roulis aussi, un peu plus haut. Margaux me photographie depuis le bas, au pied d’énormes rochers.
Plus le courage de refixer le VRP sur le quad; hop on l’embarque dans la jeep des journalistes (qui, et c’est extraordinaire, avaient pu nous accompagner carrément dans le lit de la rivière) et reprenons le chemin de notre maison martienne.
Quelle belle aventure. Inoubliable !
Nous rentrons lentement, nous nous imprégnons par tous nos sens de ce que nous sommes en train de vivre. Cela fait trois heures que nous sommes en scaphandre, j’ai mal à l’oreille, mal aux épaules qui supportent les lanières du sac à dos de survie.
En sortant du canyon, mes lunettes avec mes appliques solaires tombent de mon nez dans le fond du casque. Zut. Impossible de les remettre, je suis obligé de les confier au caméraman.
Le soleil couchant, de face, m’éblouit. Je ne voit presque rien avec cette lumière et les innombrables griffes dans la visière.
A notre retour, Nicky, Arjan et Nora étaient sortis à leur tour en scaphandres pour une recherche géologique.
Nancy était Capcom (Capsule Communicator) au Hab.
Le Véhicule de
Reconnaissance de Paroi après sa chute. Doc. équipage MDRS 90
Une fantastique journée, remplies d’images et de sensations inoubliables.
Les journalistes nous quittent. Ils vont nous manquer. Nous sommes désormais complètement seuls et isolés. Nous n’aurons plus de visite avant l’arrivée du prochain équipage dans 10 jours … »
Mardi 9 février
Au premier étage du Hab, Arjan, Margaux et Nora à gauche autour de la table centrale, Nancy, Nicky et Pierre-Emmanuel à droite devant le plan de travail
Dans l’atelier laboratoire au rez de chaussée, le VRP est sur ses roues malgré la chute de la veille (encadré en bas à droite)
« 13 h 00
Journée plus calme en ce qui me concerne. Nous avons débuté le programme pédagogique de contacts avec les écoles. Nicky a établit 3 contacts puis ce fut mon tour avec l’école de mon ami Christophe Modave, instituteur à Suarlée (près de Namur).
Après un test en début de matinée, la communication fut établie sans problème à l’heure prévue, à 10 h 00′, via Skype et tout se passa sans problème technique. Une belle réussite. Christophe avait, comme d’habitude, tout organisé comme un chef, dans la petite salle sympathique jouxtant l’école, que je connais bien pour y avoir donné des conférences et participé à diverses activités.
La salle était remplie d’élèves, de parents, et même présence de la télé locale, RTC, qui tourna également des images pour «Les Niouzz ».
Une dizaine d’enfants sont venu tour à tour me poser une question; ils étaient bien organisés et avaient manifestement bien répété.
Christophe en avait profité pour organiser une soirée « espace » avec une conférence de notre ami Etienne Lefèbvre, grand collectionneur de météorites et secrétaire de la Mars Society Belgium. Il a bien sûr axé son exposé sur les météorites martiennes qu’il avait apportées. Certainement qu’il a passionné son auditoire.
Ce contact fut très chaleureux et m’a beaucoup plu. D’entendre Christophe, les enfants et Etienne; tout cela a fait chaud au coeur et procuré une sensation de bien être de savoir qu’on n’est pas totalement isolés ici.
J’ai organisé le briefing pour définir le planning de l’après-midi. Nicky, Nora, Arjan et Margaux sortiront en EVA géologique. Nancy et moi resterons à bord du module; nous avons du travail. Je dois de mon côté préparer mes prochaines sorties extra-véhiculaires : repérages sur les cartes etc…
Margaux et moi avons réparé vaille que vaille le VRP. Espérons qu’il tiendra le coup.
Il n’est plus très stable.
Comment s’organise donc la vie à bord du Hab ?
Chacun a une responsabilité. Nora s’occupe de gérer les repas et tout ce qui est « Life Support », c’est à dire les mesures d’hygiène etc… Ainsi lorsque nous remontons de l’étage inférieur, nous devons nous désinfecter les mains. Il est clair que l’hygiène est très précaire. Interdiction par exemple de jeter le papier dans la cuvette de la toilette mais bien dans la poubelle à côté … On ne peut en principe pas non plus tirer la chasse plus de 5 fois par jour…
Nous sommes actuellement très rationnés en eau. Le réservoir externe est presque vide, et Mission Control nous avertit qu’on ne savait pas venir nous ravitailler tant que la piste qui arrive au module n’est pas praticable avec une remorque. Nous avons donc décidé de ne plus prendre de douche jusqu’à ce que nous soyons approvisionnés. On se lavera un minimum.
C’est en fait les vaisselles qui usent le plus d’eau. Donc nous décidons également d’essuyer simplement nos assiettes et nos couverts avec de l’essuie tout et chacun conserve sa vaisselle dans sa chambre.
Il doit neiger peut-être demain; ce serait évidemment problématique car ça ne va pas arranger la piste. Mais qui sait si nous ne serons pas obligés de faire fondre de la neige …
Nous sommes énervés par les mails incessants en provenance de Mission Control. On est véritablement inondés. On n’a pas de l’énergie à dépenser à tout lire et surtout à répondre à tout. De commun accord, nous décidons d’envoyer un message signalant que nous ne pouvons continuer comme ça et que nous désirons limiter à cinq le nombre de mails à recevoir par jour. On a autre chose à faire que de répondre à tous ces mails.
14 h 30
Bonne nouvelle : la réponse de Mission Control est tout a fait positive. Nous voilà soulagés.
Margaux a fait du pain, voilà qui améliore nettement nos repas. Les repas en effet posent problème car ce qu’on nous fait avaler est vraiment épouvantable. On doit alterner un jour cuisine et un jour non cuisine. Et faire à manger avec ce qu’on trouve dans les armoires relève du défit permanent. Margaux et Nora s’en tirent pourtant fort bien.
Chaque soir, nous devons remplir un questionnaire extrêmement précis et long, concernant ce que nous avons mangé durant la journée.
A partir de ceux ci des études seront réalisées par l’Université de Floride concernant nos performances et comportements.
L’équipe EVA est en train de se préparer. Je sortirai aussi un peu afin de prendre l’air. Le soleil est toujours bien là.
Préparation de sortie de l’après midi
Tout comme lors de ma première mission, la notion du temps est tout à fait différente ici. La monotonie des jours y est pour beaucoup. Ce matin je pensais qu’on était mercredi ! Un de mes coéquipiers m’a dit la même chose.
N’oubliez pas que vous pouvez suivre nos aventures sur mon site internet : http://www.tania-astronaute.net/ (merci Christophe !)
Ne manquez pas non plus mes rapports quotidiens sur le site du groupe Sud Presse : http://www.sudpresse.be/
Sans oublier le site http://www.rtbf.be/ avec les billets de Natalie Massart.
Et aussi le site de nos amis martiens français de l’Association Planète Mars www.planete-mars.com qui publie mes rapports et photos (merci Alain !)
A partir de vendredi sans doute : reportages dans les journaux parlés de la RTBF (sur « La Première ») par Natalie Massart.
NA MANQUEZ PAS LES JOURNAUX TELEVISES DE VENDREDI ET DE SAMEDI sur la RTBF à 19 h 30′ ! (quelqu’un peut-il enregistrer ? merci)
Il y aura une page dans « Le Soir » de samedi.
Il devrait aussi y avoir un article dans « La Meuse » et les autres journaux du groupe Sud Presse de samedi (un journaliste doit m’appeler vendredi).
Ce matin lors de mon contact avec l’école de Suralée, se trouvait dans la salle une équipe télé de RTC, et des images devraient passer dans un prochain JT des enfants « Les Niouzz ».
Le Hab. Doc. équipage MDRS 90
18 h 00
Je viens d’aller prendre l’air et ai marché à bonne distance du Hab, au Sud, Sud-Est. Je ne me lasse pas de ces fabuleux paysages. Je savais qu’il y avait des roches intéressantes de ce côté-là, de ma première mission ici il y a 7 ans. Je n’ai pas été déçu. L’érosion en effet est surprenante en effet par là et laisse apparaître de si beaux cailloux aux formes et couleurs souvent surprenantes.
Merci et grand bonjour depuis Mars ! »
Mercredi 10 février
A gauche toute l’équipe réunie pour le déjeuner, à droite Pierre Emmanuel Paulis regarde les messages de la Terre
« 9 h
Je rentre avec Nicky de notre tournée technique. Nous avons été ravitaillé en eau potable ce matin et nous avons donc rempli le tank externe. Ouf nous ne serons pas obligé de faire fondre la neige.
Dès ma toilette effectuée ce matin, je suis parti admirer le lever du Soleil depuis la plus grosse colline surplombant le Hab. Quel paysage magnifique. Au loin la Factory Butte paraissait surréelle.
Factory Butte. Doc. équipage MDRS 90
Il avait bien gelé et donc les dunes de boues étaient suffisamment solides pour pouvoir y marcher.
A midi, Nora a pu communiquer avec ses élèves.
J’ai passé le reste de la matinée à préparer le planning de mes EVAs pour le reste du séjour. Du travail passionnant m’attend.
A 14 h, je suis parti avec Nora à bord de la Jeep vers Hanksville, voir si son médicament oublié chez elle était arrivé. Malheureusement ce n’était pas le cas. Ce fut l’occasion de conduire la Jeep sur la piste, de passer des gués (le niveau d’eau a terriblement baissé depuis le jour de notre arrivée) de prendre un peu de bon temps, de retrouver quelques minutes la civilisation. L’occasion de faire quelques courses aussi pour tenter d’améliorer un peu notre alimentation … et de vite passer un coup de fil à la maison.
Nancy Vermeulen, commandante de la mission et présidente de la Mars Society Belgium, en EVA. Doc. équipage MDRS 90.
A notre retour au Hab, Nicky et Nancy étaient partis en quads en EVA.
J’en ai donc profité pour revêtir un scaphandre et tenter quelque chose qui me trottait en tête de puis longtemps : réaliser une aquarelle sur Mars.
Oulala pas facile …
Je me suis donc installé dans la neige sur la butte en face de la MDRS, et en tenue martienne complète, ai sorti mon bloc de papier, un crayon, mon pot d’eau (ça sur Mars ce n’est pas possible, l’eau s’évaporerait de suite), ma boîte d’aquarelle et mes pinceaux …
Pas facile de manipuler tout ça et de peindre en scaphandre…
je suis complètement gauche en manipulant mes pinceaux avec ces gros gants !
On ne peut pas dire que je sois vraiment content du résultat mais l’expérience fut certainement intéressante et inédite pour moi (mon coéquipier Alain Souchier, lors de ma mission MDRS 7 il y a 7 ans, s’était aussi adonné à cette périlleuse tentative artistique).
Promis, je recommencerai. Je veux y arriver !
Il faudra que je tente de dessiner Tania aussi. Je l’ai déjà dessinée en impesanteur lors de mes vols paraboliques, il faut aussi maintenant que je la fasse sur Mars en scaphandre !
Le soleil se couchait lorsque j’ai réintégré le sas de décompression du Hab. Il était temps d’effectuer les différentes tâches techniques qui m’incombent avant de boucler la MDRS pour la nuit.
Il va encore faire froid. Le ciel est sans nuages, les étoiles commencent à scintiller. Je pense qu’une observation du ciel trotte dans les têtes d’astronomes amateurs de Margaux et de Nancy … Nous sommes à 1500 m d’altitude … pas de pollution lumineuse … le spectacle sera exceptionnel. »
L’équipe MDRS 90 réunie pour le diner. De gauche à droite:Pierre-Emmanuel Paulis, Arjan van der Star, Nicky de Munster, Nora Martiny, Margaux Hoang, Nancy Vermeulen. Doc. équipage MDRS 90.
Jeudi 11 février
« 18 h 40
Déjà la fin d’une nouvelle journée martienne. Que ça file.
A chaque fois on doit réfléchir à quel jour on est. C’est vraiment frappant. Tous les jours se ressemblent. Quel monotonie. Aucune différence entre les jours. Aucun arbre, aucun être vivant à part nous. Que les couleurs des dunes de terre, des avions de ligne très haut … pas un oiseau, … que le silence. Un silence oppressant, émouvant. Difficile à expliquer quand on n’entend absolument RIEN.
Superbe lever de soleil aujourd’hui.
A 7 h, c’était au tour de Margaux d’établir un contact avec une école primaire liégoise qui lui tient à coeur. Nous avons tous été très touchés.
Ensuite j’ai solidement fixé le VRP sur un quad; Nora, Margaux et moi partons à la recherche de Candor Chasma, au delà du canyon déjà exploré lundi lors du tournage avec la RTBF. Nous perdons beaucoup de temps à démarrer les quads.
Incroyable, la rivière dans laquelle nous avons roulé lundi était déjà à sec ! Juste de la boue. Des traces de cougars (lions des montagnes) partout. Nous descendons lentement le lit du canyon, au cas où nous trouverions des roches intéressantes mises à nu par les récentes coulées d’eau.
Puis direction vers le Nord, vers Candor Chasma.
C’est de plus en plus difficile de rouler en quad; beaucoup d’obstacles ; rochers, cactus, crevasses …
Nous continuons à pied pendant une demi heure, en longeant un superbe canyon. Il est complètement à sec. Que c’est beau.
Ce ne sera pas aujourd’hui que nous atteindront Candor Chasma. Il est temps de rentrer. Deux heures pour une telle expédition, c’est bien trop peu. Il est temps de faire demi tour, j’avais dit que nous serions rentré pour midi 30′. On doit s’en tenir au planning établi pour ne pas inquiéter les équipiers restés au hab.
A nouveau pas mal de difficultés à redémarrer deux des quads. J’étais prêt à envoyer Margaux seule à rejoindre le Hab quand nos deux montures récalcitrantes ont enfin bien voulu devenir coopératives. Ouf.
Mais j’aurais de toute façon pu prévenir Nancy car ma radio fonctionnait impeccablement.
En rentrant, je repère bien Stacy’s Cake, un de nos futurs objectifs et un endroit que j’avais exploré de long en large lors de ma première mission, MDRS 7, en 2002. Ca rappelle des souvenirs …
Pierre Emmanuel teste le carnet recueil de photos aériennes qui permet de se repérer sur le terrain (expérience APM) comme le faisaient les astronautes Apollo sur la Lune. Doc. équipage MDRS 90
Retour à midi 20′ au Hab.
Repas, puis c’est au tour du reste de l’équipe de partir en EVA (Extra Vehicular Activity).
Margaux et moi apportons quelques modifications au VRP en vue d’une prochaine manipulation par Arjan qui voudrait filme le flanc de collines pour ses recherches géologiques. Notamment bien refixer la corde qui nous avait si lâchement abandonnés lundi.
Ce soir, nous prévoyons une observation du ciel, sous la houlette de Nancy et de Margaux, nos deux astronomes amateurs. Nancy a amené un téléscope. Rendez-vous donc avec étoiles, planètes et autre nébuleuses …
Le soleil entre Nadia’s Peak et Phobos Peak à droite de l’observatoire. Doc. équipage MDRS 90
Bonne soirée. Ici Mars, à vous la Terre … N’oubliez pas le JT de la RTBF à 19 h 30 vendredi … »
Comme tous les soirs: la rédaction des rapports de la journée
Vendredi 12 février
Le Hab avec au fond Phobos Peak à gauche. L’équipage au premier étage du Hab à droite
« 18 h 30
Le Hab s’est refermé sur la première moitié de notre mission. Demain il y aura 1 semaine que nous nous sommes posés sur Mars.
L’occasion pour l’équipage d’évaluer la semaine écoulée et de faire quelques mises au point bien nécessaires pour entamer du mieux possible la seconde partie de notre périple sur la planète. Ce fut bien utile. Plusieurs choses dans notre organisation n’allaient pas et nous voilà maintenant repartis sur de bonnes bases.
Lever pour moi déjà 6 h 15.
En effet c’est le jour de mon contact avec l’école Saint-Remacle de Stavelot où se trouve mon filleul Pierre-Loup. Je ne peux pas rater ça. Il suit mon aventure avec beaucoup de passion et c’est vraiment chouette d’avoir ainsi pu organiser ce contact avec son école. Merci à Claire et à André pour ce bon moment. Même si le contact est organisé avec les classes supérieures, Pierre-Loup n’étant qu’en troisième, a pu néanmoins y assister. A 6 h 45, un premier test de communication fut réalisé sans problème, puis à 7 heures précises, les enfants de 4ème et de 5ème furent en liaison avec la MDRS ! Le contact fut très riche.Il est clair que les élèves et leurs instituteurs avaient bien préparé ça. J’espère avoir été à la hauteur dans mes réponses, tellement les questions étaient pertinentes et intéressantes. J’aurais bien voulu être dans un coin de la classe pour observer la tête de mon filleul d’entendre ainsi la voix de son parrain en direct de Mars … Le timing de 20 minutes fut respecté à la lettre, et à la fin du contact, Pierre-Loup et moi avons pu converser quelques minutes. Un bon moment dans ma vie de martien ! Merci, Pierre-Loup d’être là. A mes côtés. Ca fait tellement de bien.
Ensuite Margaux et moi sommes partis vers Stacy’s Cake en quads et en scaphandres bien sûr. J’ai fixé le VRP en simulation sur le porte paquet arrière du quad. Pas évident de faire ça en gros gants.
La colline de Stacy’s Cake se trouve pas loin de Candor Chasma que nous avons cherché hier. J’avais hâte d’y retourner car nous l’avions explorée de fond en comble il y a 7 ans lors de ma première expédition, et c’est vraiment un endroit magnifique.
Arrivée au pied de Stacy’s Cake pour tester le VRP sur une falaise accidentée où il est resté coincé lors de la mission MDRS 43. Doc. équipage MDRS 90.
Au sommet de Stacy’s Cake. Doc. équipage MDRS 90.
J’ai testé le VRP sans problème depuis son sommet, l’occasion de réaliser un petit film pour mes prochaines conférences et exposés à l’Euro Space Center lors des Classes de l’Espace.
J’ai été secondé très efficacement par Margaux dans cette véritable sortie martienne, riche en enseignements et découvertes, de la véritable expédition. Un vrai esprit de pionnier. Ce pourquoi nous sommes ici en fait. »
Essai du VRP. Doc. équipage MDRS 90