(image sélectionnée cette semaine par Richard Heidmann)
Credit: NASA/JPL/University of Arizona
Voici trois vues de plus en plus rapprochées du sol carrelé de polygones d’un cratère martien de 14 km de diamètre. Ce type de structure, qu’on rencontre couramment dans les basses pleines de l’hémisphère Nord, tapisse également l’intérieur de centaines de cratères, préférentiellement dans les zones de latitude autour de 60° et -60°. On observe un réseau de grands polygones (taille moyenne : 120 m) découpés eux-mêmes en plus petits (taille : 4 à 20 m). La visibilité des bords est augmentée par la sublimation différentielle du givre de gaz carbonique, qui demeure plus longtemps dans le creux des bordures.
Deux mécanismes sont imaginés pouvant expliquer ces étranges géométries : des effets de contraction-dilation d’origine thermique, ou un phénomène de dessication d’une surface initialement recouverte d’eau. Les modèles (cf. 41st LPS Conference, 1650.pdf) montrent cependant que les contraintes mécaniques d’origine thermique ne peuvent produire des polygones d’aussi grande taille, du moins dans les conditions climatiques présentes. L’hypothèse qui prévaut est donc que ces cratères se sont trouvés à une époque remplis de lacs qui ont ensuite disparu, par évaporation ou, plutôt, par sublimation progressive de la glace qui devait les recouvrir. Cette hypothèse est renforcée par le fait que beaucoup des cratères examinés contiennent des traces de formations sédimentaires, telles que deltas, terrasses, rivages… La présence de sédiments est aussi rendue vraisemblable par le fait que ces cratères sont relativement moins profonds (rapport profondeur sur diamètre) que des cratères « frais ».
Les chercheurs vont maintenant s’efforcer de faire des relevés spectrométriques à haute résolution de ces surfaces pour en déterminer la minéralogie, en vue de vérifier leur origine hydrologique.