Depuis une année on trouve des discussions et papiers sur le repérage de quelques traces d’écoulements récents dans le cratère Gale avec tout de suite la question qui en découle: le rover Curiosity pourra-t-il s’en approcher un jour ?
Rappelons que différents types d’écoulements (pas tous liquides) ont été catégorisés sur Mars comme le montre la planche suivante.
Cette image montre 7 types d’écoulements martiens. Les scénarios de création sont plus ou moins connus. Par exemple le type 1 est du à un glissement de terrain, le type 6 à la descente d’un bloc rocheux. Le type 3 est une avalanche locale de matériau pulvérulent. Celles de type 4 seraient dues au CO2. C’est dans le type 5 que la présence d’eau salée a été mise en évidence en 2015. C’est ce type d’écoulement qui a été repéré sur les pentes du Mont Sharp mais sans confirmation avérée. (Doc. NASA/JPL-Caltech/ASA/MSSS/UA)
En encadré sur cette image HIRISE de Mars Global Surveyor, les zones à écoulements possibles, d’après les informations disponibles. En rouge la position de Curiosity. Le JPL va essayer d’acquérir des vues plus détaillées de ces zones quand elles seront à portée du vue du rover. (Doc. NASA/JPL-Caltech/ Univ. of Arizona/APM)
Exemple de RSL supposées dans le cratère Gale, mais à 50 km à l’Est de Curiosity, sur une image HIRISE (doc. NASA/JPL-Caltech/ Univ. of Arizona)
A quelle distance Curiosity pourrait approcher de RSL? Celles-ci sont en effet des zones spéciales en ce qui concerne la contamination planétaire et Curiosity, bien qu’il ait été décontaminé de ses germes terrestres avant son départ, ne l’a pas été au niveau exigé pour ces zones spéciales. Ce sera à Catharine Conley, la responsable actuelle de la protection planétaire de décider, le cas échéant et après analyse de la situation. En effet certains avancent que la décontamination de Curiosity s’est poursuivie sur Mars dont le sol reçoit un rayonnement ultraviolet stérilisant de courte longueur d’onde (UVB et UVC) 7 fois plus élevé que sur Terre (et pour les seuls UVC, les plus nocifs, le rapport est considérablement plus élevé), sans compter l’effet des températures nocturnes. Curiosity pourrait-il s’approcher assez près (moins de 7 m) pour utiliser sa ChemCam afin de déterminer la composition du sol?
Il est à noter que Pascal Lee du Mars Institute avait profité en 2009 de l’expédition terrestre d’un Humvee modifié simulant un rover pressurisé martien, le HMP Okarian , sur un trajet de 500 km sur la glace de mer dans le Nunavut canadien, pour procéder à des mesures de contamination du sol aux environs du rover. Les analyses conduites au Kennedy Space Center ont trouvé une fraction très faibles de germes en provenance du rover (voir, en anglais, la nouvelle correspondante sur le site du Mars Institute). L’étude a fait l’objet d’un article en anglais dans Astrobiology: « Schuerger, A. C., and P. Lee 2015. Microbial ecology of a crewed rover traverse in the Arctic: Low microbial dispersal and implications for human Mars missions. Astrobiology, 15(6), 478-491. »
Voir (anglais) l’article « La NASA étudie l’utilisation possible du rover pour imager de possibles sites martiens d’écoulement ».
Voir également l’article d’ Aviation Week and Space Technology du 18-31 juillet 2016.
Curiosity avait déjà montré des structures d’écoulement récentes sur les pentes du rempart Nord du cratère Gale.
Sur cette image Mastcam du 7 février 2015, on voit nettement des traces d’écoulement dans le rempart du cratère Gale, à 30 km au Nord de Curiosity. Mais la définition ne permet pas de dire à quel type d’écoulement on a affaire. (Doc. NASA/JPL-Caltech/MSSS/traitement APM)