Après un voyage simulé de 8 mois, deux des six volontaires de la mission Mars500, enfermés dans le simulateur martien de l’Institut des problèmes médicaux de Moscou, ont quitté le module de vol pour pénétrer dans celui représentant le sol martien. On imagine l’importance qu’a dû revêtir l’événement pour ces hommes, même pour ceux censés être restés en orbite, et même s’ils restent parfaitement conscients qu’il ne s’agit que d’une simulation.
On peut évidemment remarquer que les durées retenues dans le scénario ne correspondent ni à l’un ni à l’autre des deux types de mission habituellement considérés, le type le plus généralement retenu comprenant des trajets (aller et retour) limités à 6 mois (au lieu de 8 dans le cas présent) et un séjour d’exploration planétaire de 18 mois, imposé par la course des planètes autour du Soleil. Bien entendu, il aurait été parfaitement absurde d’imposer aux « explorateurs » une phase « planétaire » simulée aussi longue, sachant qu’ils n’auront à leur disposition que quelques dizaines de m², parfaitement dénués d’intérêt scienfique, dans un environnement bien incapable de recréer l’exaltation de la découverte d’un nouveau monde. En réalité, c’est l’étude des conséquence physiologiques et pspychologiques des longues périodes d’isolement et de confinement des trajets interplanétaires qui intéresse les scientifiques, l’intermède planétaire étant introduit pour la plus grande représentativité possible.
Le fait d’avoir imaginé qu’une partie de l’équipage resterait en orbite martienne pendant la phase planétaire est par ailleurs surprenant. En effet, les doses de rayonnements ionisants sont nettement plus importantes dans l’espace qu’à la surface de la planète et on imagine difficilement une telle procédure, encore moins évidemment dans l’hypothèse classique d’un séjour de 18 mois…
Ces limites n’enlèvent rien à la valeur de l’opération, entreprise par l’Institut russe en coopération avec l’Agence spatiale européenne. L’année dernière, Cyrille Fournier, membre français de l’équipage de la mission préliminaire de 105 jours, nous avait donné une conférence sur l’expérience qu’il venait de vivre, ce qui nous avait permis de mesurer l’ampleur des enjeux scientifiques de l’entreprise et l’incroyable densité des investigations menées, tant sur les astronautes que sur les équipements du vaisseau. Il a d’ailleurs prévu de fournir pour le bulletin de Planète Mars à paraître fin avril un compte rendu de la mission en cours, avec laquelle il maintient des liens étroits.
Liens utiles :
ESA (en anglais !) : http://www.esa.int/SPECIALS/Mars500/SEM3V7U889G_mg_1.html
Le site géré par Steve Légère : http://mars500.wordpress.com/
image : ESA.
Richard Heidmann