Une étude publiée dans Science ce mois-ci par Liebensteiner et al. (Science, numéro 340, 85 (2013); DOI: 10.1126/science.1233957), établit qu’une certaine archée, nommée « Archaeoglobus fulgidus », prospère sur les perchlorates terrestres. On avait déjà constaté que certaines bactéries pouvaient « respirer » (réduire) du perchlorate mais elles ne le faisaient qu’en alternative à l’utilisation de l’oxygène. Or cette archée particulière ne prospère que sur du perchlorate et elle réduit aussi les sulfates (NB : rappelons que les archées sont, avec les bactéries et les eucaryotes l’une des trois branches du vivant).
L’évolution des formes de vie telle que nous croyons la comprendre aujourd’hui. Les archées sont des cellules sans noyau qui proviennent probablement d’une branche de cellules à noyau. Les lignes rouges sont en fait mal connues. Illustration extraite de l’article Naissance de la vie sur Terre du bulletin 27 de l’association. (Doc. APM)
On se trouve donc ici en présence d’un être vivant parfaitement adapté à l’environnement martien : pratiquement pas d’oxygène libre et abondance de perchlorates et de sulfates. On constate aussi que, sur Terre, ce type d’être vivant a dû précéder tous les utilisateurs de la photosynthèse et les êtres qui respirent de l’oxygène.
Le milieu martien s’avère donc une fois de plus comme le laboratoire idéal d’étude de la Terre primitive. Il faut maintenant rechercher si sur cette planète, la vie est allé jusqu’à ce stade ou non. L’abondance de perchlorates pourrait être un indicateur. Moins de perchlorates dans certaines zones, toutes autres données environnementales égales par ailleurs, pouvant indiquer que la vie a pu, dans cette région, suffisamment les réduire, comme elle l’a fait sur Terre. Maintenant, il est aussi possible que la vie sur Mars, si elle a bien commencé le processus que nous avons connu sur Terre, n’est jamais arrivée jusqu’à ce stade. Seule l’exploration future nous le dira mais la piste se précise.
La sonde Phoenix avait mis en évidence la présence de perchlorates dans le sol. Cette vue prise sous la sonde montre la glace d’eau présente à faible profondeur et dégagée de la poussière de surface par le souffle des rétrofusées. (Doc. NASA/JPL-Caltech/UoA – montage APM)
Une autre vue du sol sous la sonde Phoenix