D’après un communiqué de presse de la NASA (Guy Webster du Jet Propulsion Laboratory; Dwayne Brown & Laurie Cantillo du siège de la NASA ; Elizabeth Gardner de Purdue University, Geoffrey Brown de l’Université Johns Hopkins, Laboratoire de Sciences Physiques appliquées).
MRO nous montre que, il y a des milliards d’années, des volcans ont poussé sous les glaces martiennes, très loin des quelques endroits où elle subsiste encore aujourd’hui (en l’occurrence à 1600 km de la calotte polaire australe).
Cela a deux implications : la présence d’eau était alors beaucoup plus importante qu’aujourd’hui et ces environnements volcaniques qui devaient être non seulement humides mais chauds, peuvent avoir été des sites favorables à la vie.
La région étudiée par une équipe de chercheurs de l’Université Purdue (Indiana), dirigée parSheridan Ackissà l’aide du spectromètre dédié à la cartographie minéralogique à bord de MRO (« CRISM »), est nommée « Sisyphi Montes ». Elle est située entre 55 et 75° de latitude Sud. Elle présente un relief de montagnes au sommet plat.
Cette image montre l’emplacement de minéraux détectés qui suggèrent des volcans sous glaciaires (doc. NASA/JPL-Caltech/JHUAPL/ASU)
Par analogie, on estime que ces montagnes ressemblent aux volcans terrestres ayant poussé sous la glace, comme par exemple l’EyjafjallajökulI islandais dont la dernière éruption,qui a beaucoup perturbé le trafic aérien, date de 2010. Ces éruptions causent l’accumulation de vapeur d’eau sous la glace qui ensuite explose en éjectant de grosses quantités de poussières. Les conditions d’humidité, de chaleur et de pression sont donc tout à fait particulières et facilitent des formations minéralogiques spécifiques : des zéolites, des sulfates et des argiles. C’est ce qui a été détecté par MRO.
Commentaire :
Ce n’est pas la première fois que des champs de glace fossile sont observés à la surface de Mars, en dehors des zones occupées aujourd’hui par les calottes polaires. La conjugaison de la chaleur et de l’eau est évidemment un facteur favorable à la vie d’autant que Mars est une planète généralement froide. Par ailleurs la vie à besoin de nutriments et ceux-ci (sous forme minérale) se trouvent davantage dans les boues que dans les eaux claires.
Il faudra bien un jour que l’on aille voir de près ces véritables « gisements » de vie potentielle. Pour le moment le Cratère Gale présente un environnement différent, plus classique car n’ayant pas connu de longues périodes de températures élevées, comme les zones volcaniques (sauf, bien sûr, les années suivant l’impact). MRO est un magnifique instrument mais la définition par pixel que son spectromètre CRISM peut atteindre (18 mètres par pixel) est très insuffisante pour une analyse minéralogique fine. Encore une fois il faudra des instruments au sol ou près du sol (dirigeable ?) pour regarder cela de près.
Pierre Brisson